Saturday, 5 March 2016

Mon riche pays est devenu une dystopie du jour au lendemain II

#3 Les tentatives pour stabiliser l’économie ont engendré une spirale de la mort



On a entamé cet article avec des images d’étagères vides. Mais si faire la queue pour acheter des tampons n’est pas très marrant, laissons notre source établir clairement à quel point les choses peuvent empirer :

« Ma famille comprend de nombreux médecins. Ils ont une clinique. Vous ne pouvez pas trouver d’aspirine, ou de produits de base comme des pompes stomacales et des scalpels. La seule société qui produit de l’adrénaline synthétique a quitté le pays à cause du strict contrôle monétaire. Les sociétés ne peuvent importer de fournitures médicales. Alors vous vous rendez dans n’importe quel hôpital, et vous pouvez voir des gens par terre, saignant et mourant parce qu’il n’y a pas assez de lits, de scalpels, de détergents… »


Une des salles a une serpillière. C’est la meilleure salle.


Sont faites des références à des choses telles que « le contrôle monétaire, » et on n’a pas l’intention de vous ennuyer avec une leçon sur le fonctionnement de l’économie, si ce n’est pour attirer l’attention sur le fait que personne ne comprend vraiment comment une foutue économie fonctionne. Rappelez-vous que les investisseurs les plus riches et les plus intelligents aux USA ont perdu des milliards dans le krach du marché en 2008 parce qu’ils n’avaient aucune idée que ça allait se produire. Les effondrements n’ont du sens qu’avec du recul, et essayer d’en arrêter un en marche équivaut à faire atterrir les pièces de votre Jenga en sorte qu’elles forment une nouvelle tour.


Souffler comme un buffle sur un système économique en déroute ne marche que 10% du temps.


Alors quand les choses ont commencé à partir en couille, le gouvernement a décidé de prendre le volant et de tenter un dérapage contrôlé. Vous imaginez bien comment en période économique difficile, les gens aux USA tendent à blâmer les étrangers (comme ces foutues sociétés chinoises qui volent nos emplois, ou ces Mexicains fainéants qui volent nos impôts) ? Eh bien, c’est arrivé là-bas aussi. Le sentiment était que le Venezuela était exploité par tous ces foutus pays étrangers. Alors le gouvernement a commencé à saisir les actifs des sociétés étrangères faisant des affaires localement. (Ou plutôt, à les « acheter » pour une fraction de leur valeur – Exxon, par exemple, fut obligé de « vendre » 900 millions de $ d’actifs pour 250 millions de $.) Le gouvernement, bien évidemment, n’avait pas la moindre idée de comment gérer ce qu’il avait acquis, et les choses n’ont fait qu’empirer. La monnaie du pays est devenue pour ainsi dire sans valeur, et l’économie a sombré dans le chaos.

Les riches se sont rapidement mis à échanger leur monnaie locale (les bolivars) pour de bons vieux dollars qui maintiennent leur valeur, alors le gouvernement a également rapidement rendu le procédé illégal. Mais les entreprises ne pouvaient plus importer de biens, vu qu’elles ne pouvaient pas utiliser de dollars et que personne en dehors du Venezuela ne voulait de leur PQ monétaire. Et ça, mes amis, est comment vous obtenez une crise de pénurie dans laquelle acheter du PQ coûte un bras et les patients dans les hôpitaux finissent par dormir sur le sol.


La valeur actuelle des bolivars se situe entre l’argent de Monopoly et les jetons Chuck E. Cheese.


C’est aussi comme cela que vous donnez naissance au marché noir. L’élément qui a le plus de valeur ? Les dollars US. « Il existe un site web, Dollar Today…en ce moment, vous pouvez acheter 1$ pour 900 bolivars. Le salaire minimum au Venezuela est de 9.000 bolivars par mois. Il y a des gens qui achètent des dollars, attendent qu’ils montent, puis les revendent. C’est le marché le plus sûr qu’a le Venezuela. Parce qu’ils augmentent en permanence, et vous ne perdrez jamais votre investissement. »

Vous avez bien lu ? Quand ils parient sur le fait que le dollar continuera à augmenter, ils veulent dire par rapport à leur monnaie locale. Ils parient que leur pays va continuer à s’enfoncer dans la merde.

 

#2 Les gens au pouvoir peuvent devenir des criminels



Comme on l’a mentionné, le Venezuela est l’un des pays les plus corrompus au monde, ce qui rend difficile la mise en application du machin « paradis socialiste. » Transparency International ordonne les pays selon leur niveau de corruption, et en 2015 le Venezuela a fini 158ème sur 167, derrière des bastions de la bonne gouvernance tels que la Syrie et le Myanmar. Voilà un exemple rigolo : 90% du Venezuela souffre d’un manque de lait en poudre, parce que la compagnie publique chargée de le distribuer aux enfants atteints de carence a été prise en flagrant délit de le vendre à la Colombie.


Pas la poudre blanche qu’on associe généralement au marché noir sud-américain.


La plupart d’entre vous a la chance de vivre dans un pays où dire « les politiques sont des criminels » n’est souvent pas littéralement vrai. On dit que des sénateurs sont corrompus parce qu’ils acceptent de l’argent des lobbys et accordent des contrats à des sociétés gérées par leurs amis. C’est pénible, mais au moins ils n’essaient pas de vendre directement du crack dans la rue. Mais s’il n’y a pas suffisamment de système policier pour s’assurer que les pneus ne sont pas volés, alors il n’y en a certainement pas assez pour s’assurer que la famille du président ne trafique pas de la drogue.

Ainsi, deux neveux du président actuel ont été pris la main dans le sac en essayant de faire passer 800 putain de kg de cocaïne aux USA via Haïti. Ce n’était pas leur passe-temps. Le gouvernement et les cartels de la drogue se travaillent pas juste main dans la main ; ils font le sexe ensemble et essaient de nouvelles positions que la plupart des gens ne peuvent qu’imaginer. Deux officiers de l’armée ont récemment été condamnés pour trafic de drogue. Le chef actuel de la Garde Nationale a été inculpé pour avoir accepté de l’argent des cartels pour les prévenir à l’avance d’éventuels raids. Deux hauts gradés de la police ont été inculpés pour avoir blanchi de l’argent de la drogue. On pourrait continuer pendant un bail.


On demandera à ce spécialiste de la lutte anti-drogue dès qu’on aura fini de l’inculper.


Alors comment un gouvernement aussi corrompu et incompétent reste-t-il au pouvoir ? Eh bien…

 

#1 La pénurie peut être une arme



L’opposition aux USA et au capitalisme fait partie intégrante de la politique vénézuélienne, en partie parce que les USA font un bouc émissaire idéal et en partie parce qu’on a un tantinet essayé de foutre dehors ou de tuer Hugo Chavez a moult reprises. Désolé. « L’un des premiers et des plus importants accomplissements d’Hugo Chavez a été de créer un état d’esprit national dans lequel le ‘Peuple’ était pauvre, nécessiteux, soutenant ses idéaux, et le reste se composait des dissidents, des traîtres, ou Pitiyanqui.' »

Cela signifie « petit Yankee, » et Chavez a commencé à se servir de ce mot en 2008, quand l’économie s’est mise à s’affaiblir. L’implication était que si vous étiez un vénézuélien patriote, ces pénuries ne vous dérangeraient pas parce que vous n’en auriez rien à faire des biens matériels. Mais cela fait partie de l’intrusion de la politique dans tout le reste au Venezuela. Le gouvernement se sert des pénuries pour identifier et faire honte aux « dissidents » - ce qui dans ce contexte veut dire quiconque veut une cuisine contenant des en-cas.


La politique anti en-cas de Chavez était de type « Faites ce que je dis, pas ce que je fais. »


On a interviewé notre source au beau milieu d’une élection, et la propagande gouvernementale prétendait que l’opposition se liguait avec les USA pour créer les pénuries. Dans une pub télé, une humble pauvre femme attend sa maison gouvernementale gratuite. Elle demande quand elle sera prête, seulement pour s’entendre répondre que maintenant elle doit la payer. Alors elle se réveille de son horrible cauchemar et décide de voter pour le gouvernement avant que l’opposition ne prenne le pouvoir et ne la condamne. « Si vous votez pour l’opposition, on vous dit que vous allez perdre votre maison, vos privilèges, que vous ne pourrez plus acheter de la nourriture. C’est un message très fort. »

Mais pas assez fort, étant donné que les élections ont eu lieu depuis et ont vu le parti de l’opposition faire une avancée significative. Mais le gouvernement n’est pas resté à rien faire en acceptant la défaite. Deux jours plus tard, notre source nous a dit que le PQ avait une fois encore disparu, même sur le marché noir. Rappelez-vous ça quand vous voterez pour le président, les Américains. Quelque haine que vous ayez pour l’un des candidats, ils ne vont pas vous retirer le PQ juste par mépris.

 

Robert Evans

http://www.cracked.com/personal-experiences-2128-my-wealthy-country-became-dystopia-6-realities.html

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