http://www.zerohedge.com/news/2016-04-11/bernankes-former-advisor-people-would-be-stunned-know-extent-which-fed-privately-own
"Les gens seraient frappés d'apprendre à quel point la FED est un organisme privé."
Au fur et à mesure que les jours passent, la FED perd du terrain.
Ce n'est pas juste d'ex-présidents de la FED qui admettent que les banques centrales sont de + en + impuissantes à relancer l'économie mondiale, même si elles sont encore de l'influence sur les marchés de capitaux. Ce qui est bien plus dangereux pour la crédibilité en berne de la FED c'est quand d'ex-économistes affiliés à cet organisme commencent à répéter des mantras qui jusqu'à présent ne figuraient que sur les médias soi-disant alternatifs.
C'est précisément ce qui est arrivé aujourd'hui quand l'ex-membre de la banque centrale et professeur d'économie au Dartmouth College Andrew Levin, conseiller spécial du Président de la FED d'alors, Ben Bernanke, entre 2010 et 2012, s'est joint à un groupe d'activistes pour discuter d'une refonte de la banque centrale qui permettrait de la séparer de Wall Street et de rendre ses activités plus transparente et redevables devant le public.
Levin pousse à une refonte de la FED avec la coalition d'activistes 'Fed Up' [jeu de mots, l'expression signifiant aussi 'y en a marre' en gros. NdT]. Nombre des changements proposés ont pour cible les 12 Banques de la Réserve Fédérale régionales, qui sont quasi-privées et techniquement détenues par des banques commerciales dans leurs districts respectifs.
Tout ceci n'est pas surprenant. Ce qu'il a dit pour justifier la cause qu'il vient de se mettre à défendre, en revanche, l'est.
"Beaucoup de gens seraient frappés d'apprendre" l'étendue selon laquelle la Réserve Fédéral est détenue par des capitaux privés, dit Mr. Levin. La Fed "devrait être une institution publique à 100% comme toutes les autres banques centrales" dans les pays développés, dit-il lors d'une conversation téléphonique pour annoncer son projet. Il a décrit ses propositions comme "ayant du sens, pragmatiques et non partisanes."
Pourquoi cela est-il frappant? Parce que depuis longtemps se pose le problème, tout du moins dans les médias alternatifs, que la Fed est fondamentalement un organisme privé, redevable seulement devant ses actionnaires: pas le peuple des USA mais une petite cabale de banques. Pire, le tableau récapitulant qui possède quoi n'est pas publié, alors même que la vaste majorité de la population US est toujours persuadée que la Fed est une institution publique.
Comme l'écrit le WSJ, l'ex-membre de la banque centrale dit qu'il considère ses idées comme permettant de maintenir les vertus que la banque centrale amène sur la table. Elles ne visent pas à changer la manière selon laquelle la politique est conduite aujourd'hui. "Ce qui est important ici c'est que la réforme de la Réserve Fédérale peut durer 100 ans, elle ne concerne pas seulement le court terme," dit-il.
Ceci venant d'un ex-employé de la Fed et conseiller personnel de Ben Bernanke! Ce fait seul est un coup de théâtre fracassant, parce que maintenant les initiés vont finalement se faire entendre, ce sera une course impliquant à la fois les employés actuels de la Fed et ceux qui n'y sont plus afin de révéler le plus de casseroles possible en anticipation de ce qui est de + en + perçu par beaucoup comme la fin de la Fed.
À l'évidence, la campagne personnelle de Levin pour le remaniement de la Fed ne sera pas aisé, et comme l'écrit le WSJ, ce que recherchent Mr. Levin et les activistes est important et nécessiterait une action de la part du Congrès. Andy Barkan, qui mène la campagne Fed Up, a dit que la structure actuelle de la Fed "est une honte pour l'Amérique" et les dirigeants de la Fed n'ont pas été "désireux ou capables" de mettre en place des changements.
En particulier, Levin veut que les 12 banques de la Fed régionales reviennent pleinement dans le giron du gouvernement. Il veut également que le procédé de sélection des nouveaux présidents des banques - ce sont des régulateurs et contributeurs clé dans l'établissement de la politique de taux d'intérêt - soit ouvert aux suggestions du public, et aussi que les mandats des officiels de la Fed soient limités.
Cela représenterait une révolution pour les employés de la Fed, qui ne seront plus à la merci des actionnaires, les banques commerciales américaines; cela signifierait également que Goldman Sachs perdrait les bénéfices liés à son rôle de plus gros incubateur d'employés de banques centrales au monde, une relation réciproque qui a permis à la société de Manhattan de dominer le monde de la finance pendant des décennies.
La proposition de Levin a été faite de concert avec la coalition Fed Up du Center for Popular Democracy, un groupe qui fait pression sur la banque centrale depuis longtemps pour plus de transparence. Le groupe à tendance gauchiste a critiqué la structure des banques régionales, et a poussé la Fed à ne pas monter les taux afin que la reprise ne profite pas qu'aux riches, à leurs yeux.
La proposition a été dévoilée lors d'une conférence téléphonique qui comprenait également un représentant de la campagne présidentielle de Bernie Sanders, bien que tous les QG de campagne aient été invités à participer.
Le WSJ ajoute que selon Levin, qui connaît de près la structure opérationnelle de la Fed, les membres du comité de direction des banques régionales de la Fed, dont la majorité sont sélectionnés par les banques privées avec l'approbation des gouverneurs basés à Washington, devraient être choisis différemment. Le professeur explique que les postes de directeur, à l'heure actuelle réservés à des spécialistes de la finance régulés par la Fed, devraient être éliminés, et que les directeurs qui supervisent et conseillent les banques régionales devraient être choisis lors d'un processus public impliquant les gouverneurs à Washington et des officiels localement élus. Ces directeurs devraient également mieux représenter la diversité des USA.
Levin souhaite aussi la participation formelle du public dans la sélection des nouveaux présidents de la banque, avec les noms des candidats connus publiquement et un procédé permettant au public d'émettre des commentaires, ce qui n'existe pour le moment pas. Le professeur veut également que tous les officiels de la Fed opèrent pour un unique mandat de sept ans, ce qui leur fournirait la distanciation nécessaire du processus politique tout en éliminant les situations dans lesquelles certains décideurs restent dans la banque pendant des décennies. Alan Greenspan, par exemple, a été président de la Fed de 1987 à 2006.
Comme le WSJ l'ajoute judicieusement, la sélection des présidents des banques régionales est devenue un sujet sensible. À l'heure actuelle, les banques de la Fed de New York, Philadelphie, Dallas, et Minneapolis, sont dirigées par des hommes qui étaient précédemment employés ou avaient des liens forts à la banque d'investissement Goldman Sachs.
Levin appelle à ce que l'agence de supervision Government Accountability Office revoit chaque année et fasse un rapport sur les opérations de la Fed, y compris les banques régionales de la Fed. Il souhaite également que les banques régionales de la Fed soient couvertes par la Loi sur la Liberté d'Information. On peut espérer qu'un rapport annuel réduirait les perceptions d'une interférence politique, dit Mr. Levin.
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Si mettre un terme à la Fed peut sembler un vœu pieu, du moins jusqu'au prochain krach des marchés qui poussera peut-être la population à enfin se révolter contre le coupable derrière la culture de boom-puis-krach chère à l'Amérique, la banque centrale des USA, la proposition de Levin toucherait au cœur du plus insidieux conflit d'intérêt des USA: le fait que la Réserve Fédérale ne travaille pas pour le peuple américain, mais pour ses propriétaires - les banques.
C'est aussi la raison pour laquelle, malheureusement, cette proposition sera mort-née, vu que son vote représentera la plus forte perte jamais enregistrée par Wall Street ces 103 dernières années, bien plus significative que tout ce que Dodd-Franck aurait pu espérer accomplir.
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