Sunday, 17 April 2016

L’Arabie Saoudite menace de liquider ses 'treasuries'

http://www.zerohedge.com/news/2016-04-16/saudi-arabia-threatens-us-it-will-liquidate-its-treasury-holdings-if-congress-passes

L’Arabie Saoudite menace de liquider ses obligations d’état US si le Congrès enquête sur son rôle dans les attaques du 11 septembre

En janvier, quand le marché observait dans un silence abasourdi les prix du pétrole s’effondrer à des niveaux pas vus depuis une décennie et que les inquiétudes concernant l’Arabie Saoudite et le fait qu’elle ait peut-être besoin de commencer à vendre ses vastes, même si non mesurées, réserves en dollars US, nous écrivions un article intitulé « L’Attention se Tourne Enfin vers les Réserves ‘Secrètes’ de l’Arabie Saoudite en Obligations d’État US » dans lequel nous notions quelque chose de très surprenant : si nous savons que l’Arabie Saoudite est la 3ème détentrice au monde de réserves en $...



…leur composition exacte demeure un secret, parce que si les USA publient les réserves en obligations d’état de toutes les nations, celles de l’Arabie Saoudite, pour une raison inconnue, ne sont pas officiellement publiées.

« C’est un secret du vaste marché des obligations US, un vestige de l’ère des pénuries de pétrole et du puissant pétrodollar, » Bloomberg a-t-il écrit à propos des réserves en obligations US de l’Arabie Saoudite.

« Cela fait partie de la politique du Ministère des Finances [Treasury] de ne jamais publier les réserves de l’Arabie Saoudite, depuis longtemps un allié au Moyen-Orient volatile, et au lieu de cela de les grouper avec 14 autres nations, principalement des membres de l’OPEC, dont le Koweït, les Émirats Arabes Unis, et le Nigeria, » Bloomberg continue-t-il, ajoutant que les règles sont différentes pour presque tous les autres. Bien que le « secret » de l’Arabie Saoudite soit protégé par « une censure inhabituelle de la part du Ministère des Finances US, » pour plus d’une centaine d’autres pays, de la Chine au Vatican, le Ministère fournit la répartition détaillée de la quantité de dette que chacun détient. »

Alors qui sait sur combien d’obligations les Saoudiens sont-ils assis ? Eh bien, les Saoudiens bien sûr, « une poignée d’officiels du Ministère des Finances US, » et quelques bureaucrates de la Fed, explique Bloomberg, notant que « quant aux autres, ils doivent deviner. »

[…]

Nous finissions par une question simple mais ô combien prophétique :

« Qui serait le nouveau saint patron du Ministère des Finances US au cas où les Saoudiens liquidaient leurs réserves et décidaient de se diversifier dans autre chose que les actifs en $... Posé différemment, qui va monétiser le déficit américain si les relations entre Washington et Riyad s’enveniment à causent de l’Iran ? »


C’est cette question qui vient de refaire une entrée fracassante et pourrait déstabiliser l’administration US alors que ce qui jusqu’à récemment n’était qu’une « marginale théorie du complot » est soudain présenté comme un fait embarrassant, et devient le plus gros scandale politique à affecter les USA depuis des années, réduisant du même coup comme peau de chagrin les relations que les USA entretenaient depuis des années avec son meilleur allié au Moyen-Orient, l’Arabie Saoudite.

***

Tout d’abord une digression : nous avons été grandement surpris par la réémergence du 11 septembre ces dernières semaines, et en particulier du sujet tabou – dans les cercles officiels – consistant à savoir si oui ou non il y a bien eu une « connexion saoudienne » lors de la plus importante attaque terroriste sur le sol US. Le w-e dernier, sorti de nulle part, l’émission 60 Minutes a parlé des « 28 pages » qui étaient classifiées dans le rapport d’enquête du Congrès sur le 11 septembre – des pages qui supposément confirment la connexion saoudienne.

Les officiels saoudiens ont depuis le départ nié que le royaume ait joué un rôle quelconque dans le 11 septembre, et la commission ad hoc n’a trouvé « aucune preuve que le gouvernement saoudien en tant qu’institution ou que des officiels saoudiens de haut rang aient financé individuellement l’organisation. » Mais les critiques ont noté que les mots employés par la commission rendaient possible la possibilité que des officiels saoudiens de rang inférieur ou des sections du gouvernement saoudien aient pu jouer un rôle. Les doutes ont perduré, en partie du fait des conclusions de l’enquête du Congrès de 2002 qui citaient quelques indices selon lesquels des officiels saoudiens vivant aux USA au moment des attaques étaient impliqués.

Ces conclusions, contenues dans les 28 pages du rapport, doivent toujours être rendues publiques. C’est la résurgence surprenante de ces 28 pages dans les jours passés qui suggérait que quelque chose se préparait.

C’était le cas.

***

Dans un rapport frappant du NYT, l’Arabie Saoudite a déclaré à l’administration Obama et aux membres du Congrès qu’elle vendrait des centaines de milliards de $ d’actifs américains détenus par le royaume si le Congrès votait une loi permettant de rendre responsable le gouvernement saoudien devant des cours américaines pour un quelconque rôle qu’il aurait pu jouer dans les attaques du 11 septembre.

Surtout le Congrès en fait, parce que Obama a été consistent dans son soutien aux grands patrons Wahhabites pleins de pétrodollars, et a été très occupé à influencer le Congrès pour empêcher le vote de cette loi, selon des officiels de l’administration et des assistants du Congrès des deux partis, et les menaces saoudiennes ont été le sujet d’intenses discussions ces dernières semaines entre des législateurs et des officiels du Département d’État et le Pentagone. Les officiels ont averti les sénateurs de retombées diplomatiques et économiques si cette loi passait.



[…]

Le NYT rapporte que Adel al-Jubeir en personne – le ministre saoudien des affaires étrangères – a délivré le message du royaume le mois dernier lors d’une visite à Washington, « expliquant aux législateurs que l’Arabie Saoudite serait forcée de vendre jusqu’à 750 milliards de $ en obligations d’état et autres actifs US avant qu’ils risquent être gelés par des cours de justice américaines. »

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Cette menace spectaculaire a pris les USA de court, parce que jusqu’à présent on a grandement spéculé sur l’hypothèse que la Chine, pas l’Arabie Saoudite, userait de « la liquidation des obligations d’état » comme outil de négociation. Il se trouve que l’Arabie Saoudite été la première.

Certainement, les Saoudiens dont le déficit budgétaire a explosé l’année passée en conséquence de l’effondrement des prix du pétrole, bénéficieraient de la monétisation de leurs réserves en $. Selon de nombreux observateurs, ce n’est qu’une question de temps dans tous les cas. Cependant, une liquidation immédiate et drastique causerait probablement une panique sur les marchés. Des économistes objectifs doutent que les Saoudiens mettront leur menace à exécution, expliquant qu’une telle vente serait difficile à organiser et finirait par handicaper l’économie du royaume. Mais cette menace est un signe de plus de l’escalade des tensions entre l’Arabie Saoudite et les USA.

[…] Obama a fait une telle œuvre de lobbying contre cette loi que certains législateurs et familles de victimes sont furieux. À leurs yeux, l’administration Obama s’est ralliée au royaume de manière répétée et a mis des bâtons dans les roues dans leurs efforts pour découvrir ce qu’ils croient être la vérité quant au rôle que certains officiels saoudiens ont joué dans l’attaque terroriste. »

« Il est choquant de penser que notre gouvernement soutiendrait les Saoudiens plutôt que ses propres citoyens, » a déclaré Mindy Kleinberg, dont le mari est mort dans le WTC le 11 septembre et qui fait partie d’un groupe de familles de victimes poussant à l’adoption de la législation.

[…]



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[…]

En d’autres termes, la logique est que si les USA poursuivent une enquête d’envergure sur le rôle saoudien dans le 11 septembre, les USA eux-mêmes seraient alors sujets à une comparable perte d’immunité – concernant de supposées attaques terroristes américaines – et cela « créerait un terrible précédent. » En réalité, le gouvernement US défend sa position en disant que si on peut découvrir la vérité sur le terrorisme saoudien aux USA, le monde pourrait alors tout apprendre sur le terrorisme américain à travers la planète.

Et on ne peut pas permettre que cela arrive.

[…]

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[…]

Ce qui nous amène à notre question de départ : pourquoi cette panique des Saoudiens, et pourquoi menacer immédiatement menacer d’utiliser « l’option nucléaire, » à savoir la liquidation de leurs obligations d’état US, si les Saoudiens n’ont en fait rien à cacher ?

Cette question est, bien entendu, purement rhétorique.

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