Une des conséquences les plus catastrophiques de la guerre la plus longue jamais faite par les USA est que l'Afghanistan produit désormais 90% de l'opium mondial. Comme dans la plupart des endroits sur la planète, les plus faibles paient le plus lourd tribut, et le pays fait face à une épuisante escalade du nombre de ses enfants dépendants à l'héroïne.
"Ce qui est arrivé en Afghanistan ces 13 dernières années est l'émergence d'un narco-état sans précédent dans l'histoire," a déclaré Matthieu Aikins, journaliste basé à Kaboul, à Democracy Now en 2014.
[...] L'Afghanistan produits désormais deux fois plus d'opium qu'en l'an 2000 [on se rappellera qu'à l'été 2001 l'ONU annonçait que les Talibans avaient éradiqué la production d'opium en conformité avec la sharia], et ce commerce florissant compte pour 50% du PNB du pays.
[...]Les dégâts psychologiques causés par la guerre couplé à une déferlante d'héroïne bon marché ont eu pour conséquence un doublement du taux d'assuétude ces cinq dernières années. [cf. vidéo en anglais]
https://youtu.be/L1ofEFo4oyo
[...] Le problème est si grave parmi les enfants que nombre d'entre eux en sont réduits à prendre des mesures désespérées afin de financer leur vice. Naval [auteur du documentaire] a discuté avec un garçon de 13 ans qui a commencé à prendre de la drogue après que ses parents furent tués dans un bombardement. Dès l'âge de 8 ans il fut payé par des drogués pour les garder pendant qu'ils fumaient. Il n'est donc pas étonnant qu'il ait développé la même habitude, qu'il finance par la prostitution. Nombre d'enfants drogués vendent leur corps, vu qu'il n'y a pas de travail.
Ali, 15 ans, prend de l'héroïne depuis deux ans. Sa mère est morte et son père a fui vers l'Iran. Il a fumé un gramme d'héroïne, 1,25 €, pendant qu'il expliquait à la caméra comment il a développé son addiction.
Le traumatisme du jeune garçon a commencé quand, après avoir été témoin d'une attaque suicide à Kaboul, il se rendit chez des membres de sa famille à la campagne. Là-bas, les forces US bombardèrent son village, tuant des dizaines de personnes ; il a décrit une scène où il a vu des corps éparpillés un peu partout. Le jeune garçon et d'autres villageois durent ramasser les membres parsemés et les mettre dans des sacs en plastique. Déclarant que la guerre lui brise le cœur - et rendant plus compréhensible sa déchéance dans l'utilisation de la drogue - il a dit, "Je préfèrerais mourir, plutôt que de vivre à travers cette guerre."
[...] Des villages entiers sont dépendants à l'opium, et Naval a visité une famille où trois des six enfants se droguent. Un gamin, qui a commencé à fumer à l'âge de trois ans, était étalé à côté de son père, lui-même inconscient. Il expliqua qu'il a besoin de fumer trois fois par jour sinon il souffre du manque. Quand on lui demanda s'il sortait de temps en temps jouer avec les autres enfants, il fit non de la tête.
La mère de l'enfant lui donna de l'opium la première fois pour faire passer une douleur à l'estomac. Maintenant la famille se sert de la drogue pour une raison complètement différente. "Il n'y a pas assez de nourriture pour nourrir toute la famille," sa mère a-t-elle annoncé. "Quand vous fumez vous perdez votre appétit," a-t-elle ajouté, expliquant que la nourriture pour la famille coûte 3,75€ par jour, alors qu'une dose journalière d'opium coûte 2,5 €.
Résumant la face caché de la catastrophe dans le pays ravagé par la guerre, Naval fut franc et dit qu'alors que le monde était focalisé par le combat contre les Talibans, le pays était détruit de l'intérieur - par une menace aussi sérieuse est de longue durée.
[Comme dirait Hannibal de l'Agence Tous Risques: "J'adore quand un plan se déroule sans accroc!"]
No comments:
Post a Comment