…Ainsi, cette conversion de la propriété privée en
propriété
collective, préconisée par le socialisme, n'aurait d'autre
effet que de rendre la situation des ouvriers plus précaire, en leur retirant la libre
disposition de leur salaire et en leur enlevant, par le fait même,
tout espoir et toute possibilité d'agrandir leur patrimoine et d'améliorer
leur situation.
…Et qu'on n'en appelle pas à la
providence de l'Etat, car l'Etat est postérieur à l'homme. Avant qu'il pût se
former, l'homme déjà avait reçu de la nature le droit de vivre et de
protéger
son existence.
…C'est pourquoi l'on peut affirmer en toute
vérité que
le travail est le moyen universel de pourvoir aux besoins de la vie, soit qu'on
l'exerce sur sa propre terre ou dans quelque métier dont la rémunération se tire seulement des produits de
la terre et s'échange avec eux.
…De tout cela, il
ressort une fois de plus que la propriété privée est pleinement conforme à la
nature.
…C'est une erreur grave et funeste de vouloir que le pouvoir civil pénètre à sa guise jusque dans le sanctuaire de la famille.
…L'autorité paternelle ne saurait être
abolie ni absorbée par l'Etat, car elle a sa source là où la vie humaine prend la sienne.
…Ainsi, en substituant à la providence paternelle la providence de
l'Etat, les socialistes vont contre la justice naturelle et brisent les liens
de la famille.
Mais on ne voit que trop les funestes conséquences
de leur système: ce serait la confusion et le bouleversement de toutes
les classes de la société, l'asservissement tyrannique et odieux des citoyens. La
porte serait grande ouverte à l'envie réciproque, aux manoeuvres diffamatoires, à la
discorde. Le talent et l'esprit d'initiative personnels étant privés de leurs stimulants, la richesse, par
une conséquence nécessaire, serait tarie dans sa source même.
Enfin le mythe tant caressé de l'égalité ne serait pas autre chose, en fait, qu'un nivellement absolu de tous les
hommes dans une commune misère et dans une commune médiocrité.
De tout ce que Nous venons de dire, il résulte
que la théorie socialiste de la propriété collective est absolument à répudier
comme préjudiciable à ceux-là mêmes qu'on veut secourir, contraire aux
droits naturels des individus, comme dénaturant les fonctions de l'Etat et troublant
la tranquillité publique. Que ceci soit donc bien établi : le premier principe sur lequel doit se baser le relèvement des classes inférieures est l'inviolabilité de la propriété privée.
…Le premier principe à mettre en avant, c'est que l'homme doit
accepter cette nécessité de sa nature qui rend impossible, dans la
société
civile, l'élévation de tous au même niveau. Sans doute, c'est là ce
que poursuivent les socialistes. Mais contre la nature, tous les efforts sont
vains. C'est elle, en effet, qui a disposé parmi les hommes des différences
aussi multiples que profondes; différences d'intelligence, de talent, de santé, de
force; différences nécessaires d'où naît spontanément l'inégalité des conditions.
…Pour ce qui regarde le travail en
particulier, même dans l'état d'innocence, l'homme n'était
nullement destiné à vivre dans l'oisiveté.
…L'erreur capitale, dans la question présente,
c'est de croire que les deux classes sont ennemies-nées l'une de l'autre, comme si la nature
avait armé les riches et les pauvres pour qu'ils se combattent
mutuellement dans un duel obstiné.
…Ainsi, dans la société, les
deux classes sont destinées par la nature à s'unir harmonieusement dans un parfait équilibre. Elles ont un impérieux besoin l'une de l'autre : il ne peut y avoir de capital sans travail,
ni de travail sans capital. La concorde engendre l'ordre et la beauté.
…Parmi ces devoirs, voici ceux qui
regardent le pauvre et l'ouvrier. Il doit fournir intégralement et fidèlement tout le travail auquel il s'est
engagé par
contrat libre et conforme à l'équité. Il ne doit point léser son patron, ni dans ses biens, ni dans
sa personne. Ses revendications mêmes doivent être exemptes de violences et ne jamais revêtir la
forme de séditions. Il doit fuir les hommes pervers qui, dans des
discours mensongers, lui suggèrent des espérances exagérées et lui font de grandes promesses qui
n'aboutissent qu'à de stériles regrets et à la ruine des fortunes.
Quant aux riches et aux patrons, ils ne doivent point
traiter l'ouvrier en esclave; il est juste qu'ils respectent en lui la dignité de
l'homme, relevée encore par celle du chrétien… Ce qui est honteux et inhumain, c'est
d'user de l'homme comme d'un vil instrument de lucre, de ne restituer qu'en
proportion de la vigueur de ses bras… Aux patrons, il revient de veiller à ce
que l'ouvrier ait un temps suffisant à consacrer à la piété; qu'il ne soit point livré à la séduction
et aux sollicitations corruptrices; que rien ne vienne affaiblir en lui
l'esprit de famille, ni les habitudes d'économie.
…Enfin, les riches doivent s'interdire religieusement tout acte violent, toute
fraude, toute manoeuvre usuraire qui serait de nature à porter atteinte à l'épargne du pauvre, d'autant plus que
celui-ci est moins apte à se défendre, et que son avoir est plus sacré parce que plus modique.
…Mais dès qu'on a accordé ce qu'il faut à la nécessité, à la bienséance, c'est un devoir de verser le
superflu dans le sein des pauvres. "Ce qui reste, donnez-le en aumône"
(18). C'est un devoir, non pas de stricte justice, sauf les cas d'extrême nécessité, mais
de charité chrétienne, un devoir par conséquent
dont on ne peut poursuivre l'accomplissement par l'action de la loi.
…ce qui fait une nation prospère,
c'est la probité des moeurs, l'ordre et la moralité comme bases de la famille, la pratique de
la religion et le respect de la justice, c'est un taux modéré et une répartition équitable des impôts, le progrès de l'industrie et du commerce, une
agriculture florissante et autres éléments du même genre, s'il en est que l'on ne peut développer
sans augmenter d'autant le bien-être et le bonheur des citoyens.
…il faut que les lois publiques soient pour
les propriétés privées une protection et une sauvegarde. Ce
qui importe par-dessus tout, au milieu de tant de cupidités en effervescence, c'est de contenir les
masses dans le devoir. Il est permis de tendre vers de meilleures destinées
dans les limites de la justice. Mais enlever
de force le bien d'autrui, envahir les propriétés étrangères sous prétexte d'une absurde égalité, sont choses que la justice condamne et que l'intérêt commun lui-même répudie.
Assurément, les ouvriers qui veulent améliorer leur sort par un travail honnête et en dehors de toute injustice forment la très grande majorité. Mais on en compte beaucoup qui, imbus de fausses doctrines et ambitieux de nouveautés, mettent tout en oeuvre pour exciter des tumultes et entraîner les autres à la violence. L'autorité publique doit alors intervenir. Mettant un frein aux excitations des meneurs, elle protégera les moeurs des ouvriers contre les artifices de la corruption et les légitimes propriétés contre le péril de la rapine.
Assurément, les ouvriers qui veulent améliorer leur sort par un travail honnête et en dehors de toute injustice forment la très grande majorité. Mais on en compte beaucoup qui, imbus de fausses doctrines et ambitieux de nouveautés, mettent tout en oeuvre pour exciter des tumultes et entraîner les autres à la violence. L'autorité publique doit alors intervenir. Mettant un frein aux excitations des meneurs, elle protégera les moeurs des ouvriers contre les artifices de la corruption et les légitimes propriétés contre le péril de la rapine.
Il n'est pas rare
qu'un travail trop prolongé ou trop pénible, et un salaire jugé trop faible, donnent lieu à ces chômages voulus et concertés qu'on appelle des grèves. A cette maladie si commune et en même temps si dangereuse, il appartient au pouvoir public de porter un remède. Ces chômages
en effet, non seulement tournent au détriment des patrons et des ouvriers eux-mêmes,
mais ils entravent le commerce et nuisent aux intérêts généraux de la société.
Comme ils dégénèrent facilement en violences et en
tumultes, la tranquillité publique s'en trouve souvent compromise.
…le salaire ne doit pas être
insuffisant à faire subsister l'ouvrier sobre et honnête.
Si, contraint par la nécessité ou poussé par la crainte d'un mal plus grand,
l'ouvrier accepte des conditions dures, que d'ailleurs il ne peut refuser parce
qu'elles lui sont imposées par le patron ou par celui qui fait l'offre du
travail, il subit une violence contre laquelle la justice proteste.
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