Encyclique papale 'QUADRAGESIMO ANNO' de 1931: rappelle les principes mis en avant par l'encyclique 'RERUM NOVARUM', à savoir qu'il y a une aternative tant au socialisme qu'au capitalisme. Le salaire ne doit pas être considéré comme une matière première dont le prix varierait en fonction de l'offre et de la demande (d'où les politiques d'immigration suicido-généreuses de l'Europe: faire baisser les salaires en augmentant la concurrence) mais devrait permettre à une famille de vivre décemment.
63.
Or, ce n’est pas n’importe quel partage des biens et des
richesses qui réalisera, aussi parfaitement du moins que le permettent
les conditions humaines, l’exécution du plan divin. Les ressources que
ne cessent d’accumuler les progrès de l’économie sociale doivent donc être réparties
de telle manière entre les individus et les diverses classes de la société que
soit procurée cette utilité commune dont parle Léon XIII, ou, pour exprimer autrement la même
pensée, que
soit respecté le bien commun de la société tout entière. La
justice sociale ne tolère pas qu’une classe empêche l’autre de participer à ces avantages. Elles pèchent donc toutes deux également contre cette sainte loi, – et la classe des riches quand, dégagée par
sa fortune de toute sollicitude, elle estime parfaitement régulier
et naturel un état de choses qui lui procure tous les avantages sans
rien laisser à l’ouvrier ; – et la classe des prolétaires,
quand, exaspérée par une situation qui blesse la justice et trop
exclusivement soucieuse de revendiquer les droits dont elle a pris conscience,
elle réclame
pour soi la totalité du produit qu’elle déclare sorti tout entier de ses mains ; quand
elle prétend
condamner et abolir, sans autre motif que leur nature même, toute propriété et tout revenu qui ne sont pas le fruit
du travail, quelles que soient par ailleurs leur nature et la fonction qu’ils
remplissent dans la société humaine. Observons à cet égard combien c’est hors de propos et sans fondement que
certains en appellent ici au témoignage de l’Apôtre : « Si
quelqu’un ne veut pas travailler, il ne doit pas manger non plus. » 39 L’Apôtre, en effet, condamne par ces paroles ceux
qui se dérobent au travail qu’ils peuvent et doivent fournir ; il
nous presse de mettre soigneusement à profit notre temps et nos forces d’esprit
et de corps, et de ne pas nous rendre à charge à autrui alors qu’il nous est loisible de pourvoir nousmêmes à nos
propres nécessités. En aucune manière il ne présente ici le travail comme l’unique
titre à
recevoir notre subsistance 40.
...
4. LE JUSTE SALAIRE
70.
Cette exécution n’est possible toutefois que si les prolétaires
sont mis en état de se constituer, par leur industrie et leur épargne,
un modeste avoir, ainsi que Nous l’avons répété après Notre Prédécesseur. Mais sur quoi, sinon sur leurs
salaires, pourrontils, à force d’économie, prélever quelques ressources, ceux qui
doivent demander au seul travail la subsistance et tout ce qui est nécessaire
à la
vie ?…
77.
Et tout d’abord, on doit payer à l’ouvrier un salaire qui lui permette de
pourvoir à sa subsistance et à celle des siens 44. Assurément, les autres membres de la famille, chacun
suivant ses forces, doivent contribuer à son entretien, ainsi qu’il en
est, non seulement dans les familles d’agriculteurs, mais aussi chez un grand
nombre d’artisans ou de petits commerçants. Mais il n’est aucunement permis d’abuser
de l’âge des enfants ou de la faiblesse des femmes. C’est à la maison avant tout, ou dans les dépendances
de la maison, et parmi les occupations domestiques, qu’est le travail des mères de famille. C’est donc par un abus néfaste, et qu’il faut à tout prix faire disparaître, que les mères de famille, à cause de la modicité du salaire paternel, sont contraintes de chercher hors de la maison une
occupation rémunératrice, négligeant les devoirs tout particuliers qui leur incombent, –avant tout l’éducation des enfants.
...
79.
Dans la détermination des salaires, on tiendra également
compte des besoins de l’entreprise et de ceux qui l’assument. Il serait injuste d’exiger
d’eux des
salaires exagérés, qu’ils ne pourraient supporter sans courir à la
ruine et entraîner les travailleurs avec eux dans le désastre…
88.
Que l’autorité publique abandonne donc aux groupements de rang inférieur le soin des affaires de moindre importance où se disperserait à l’excès son effort ; elle pourra dès lors assurer plus librement, plus
puissamment, plus efficacement les fonctions qui n’appartiennent qu’à elle, parce qu’elle seule peut les remplir : diriger,
surveiller, stimuler, contenir, selon que le comportent les circonstances ou l’exige
la nécessité. Que
les gouvernants en soient donc bien persuadés : plus
parfaitement sera réalisé l’ordre hiérarchique des divers groupements selon ce
principe de la fonction de subsidiarité de toute collectivité, plus grandes seront l’autorité et la puissance sociale, plus heureux et
plus prospère l’état des affaires publiques.
...
101.
Grève et lockout sont interdits ; si
les parties ne peuvent se mettre d’accord, une magistrature arbitrale
intervient.
...
a) Le parti de la violence ou Communisme
120.
Une partie, en effet, du socialisme a subi un changement
semblable à celui que nous venons plus haut de faire constater dans
l’économie capitaliste, et a versé dans le communisme : celui-ci a, dans son
enseignement et son action, un double objectif qu’il poursuit, non pas en secret et par des
voies détournées,
mais ouvertement, au grand jour et par tous les moyens, même les plus violents : une lutte des
classes implacable et la disparition complète de la propriété privée. À la poursuite de ce but, il n’est
rien qu’il n’ose,
rien qu’il
respecte ; là où il a pris le pouvoir, il se montre
sauvage et inhumain à un degré qu’on a peine à croire et qui tient du prodige, comme en
témoignent
les pouvantables massacres et les ruines qu’il a accumulés dans d’immenses pays de l’Europe orientale et de l’Asie ; à quel
point il est l’adversaire et l’ennemi déclaré de la sainte Église et de Dieu lui-même, l’expérience, hélas ! ne l’a que trop, bien trop prouvé, et
tous le savent abondamment. Nous ne jugeons assurément pas nécessaire d’avertir les fils bons et fidèles de
l’Église touchant la nature impie et injuste du communisme ; mais
cependant nous ne pouvons voir sans une
profonde douleur l’incurie de ceux qui, apparemment
insouciants de ce danger imminent et lâchement passifs, laissent se propager de
toutes parts des doctrines qui, par la violence et le meurtre, vont à la destruction de la société tout entière. Ceux-là surtout méritent d’être condamnés pour leur inertie, qui négligent
de supprimer ou de changer des états de choses qui exaspèrent
les esprits des masses et préparent ainsi la voie au bouleversement et à la
ruine de la société.
...
Catholique et
socialiste sont des termes contradictoires
130.
Que si le socialisme, comme toutes les erreurs, contient
une part de vérité (ce que d’ailleurs les Souverains Pontifes n’ont
jamais nié), il n’en reste pas moins qu’il repose sur une théorie de la société qui lui est propre et qui est
inconciliable avec le christianisme authentique. Socialisme religieux, socialisme
chrétien,
sont des contradictions : personne ne
peut être en même temps bon catholique et vrai
socialiste.
...
143.
La déchristianisation de la vie sociale et économique
et sa conséquence, l’apostasie des masses laborieuses, résultent
des affections désordonnées de l’âme, triste suite du péché originel qui, ayant détruit
l’harmonieux
équilibre
des facultés, dispose les hommes à l’entraînement facile des passions mauvaises et
les incite violemment à mettre les biens périssables de ce monde audessus des biens
durables de l’ordre surnaturel. De là cette soif insatiable des richesses et
des biens temporels qui, de tout temps sans doute, a poussé l’homme à violer la loi de Dieu et à
fouler aux pieds les droits du prochain, mais qui, dans le régime économique
moderne, expose la fragilité humaine à tomber beaucoup plus fréquemment.
L’instabilité de la situation économique et celle de l’organisme économique tout entier exigent de tous ceux
qui y sont engagés la plus absorbante activité. Il en est résulté chez certains un tel endurcissement de la
conscience que tous les moyens leur sont bons qui permettent d’accroître leurs profits et de défendre contre les brusques retours de la
fortune les biens si péniblement acquis ; les gains si faciles qu’offre à tous l’anarchie des marchés attirent vers les fonctions de l’échange trop de gens dont le seul désir est de réaliser des bénéfices rapides par un travail insignifiant, et dont la spéculation effrénée fait monter et baisser incessamment tous
les prix au gré de leur caprice et de leur avidité, déjouant par là les sages prévisions de la production. Les institutions
juridiques destinées à favoriser la collaboration des capitaux,
en divisant et en limitant les risques, sont trop souvent devenues l’occasion des plus répréhensibles excès ; nous voyons, en effet, les responsabilités atténuées au point de ne plus toucher que médiocrement les âmes ; sous le couvert d’une désignation collective se commettent les injustices et les fraudes les plus
condamnables ; les hommes qui gouvernent ces groupements économiques trahissent, au mépris de leurs engagements, les droits de ceux qui leur ont confié l’administration de leur épargne. Il faut signaler enfin ces hommes trop habiles qui, sans
s’inquiéter du
résultat
honnête et
utile de leur activité, ne craignent pas d’exciter les mauvais instincts de la clientèle
pour les exploiter au gré de leurs intérêts.
144.
Une sûre discipline morale, fortement maintenue
par l’autorité
sociale, pouvait corriger ou même prévenir ces défaillances. Malheureusement elle a manqué trop
souvent. Le nouveau régime économique faisant ses débuts au moment où le rationalisme se propageait et s’implantait, il en résulta une science économique séparée de la loi morale, et par suite libre cours fut laissé aux passions humaines.
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