Wednesday 14 June 2017

Au-delà du socialisme et du capitalisme II

Encyclique papale 'QUADRAGESIMO ANNO' de 1931: rappelle les principes mis en avant par l'encyclique 'RERUM NOVARUM', à savoir qu'il y a une aternative tant au socialisme qu'au capitalisme. Le salaire ne doit pas être considéré comme une matière première dont le prix varierait en fonction de l'offre et de la demande (d'où les politiques d'immigration suicido-généreuses de l'Europe: faire baisser les salaires en augmentant la concurrence) mais devrait permettre à une famille de vivre décemment.

63.
Or, ce nest pas nimporte quel partage des biens et des richesses qui réalisera, aussi parfaitement du moins que le permettent les conditions humaines, lexécution du plan divin. Les ressources que ne cessent daccumuler les progrès de l’économie sociale doivent donc être réparties de telle manière entre les individus et les diverses classes de la société que soit procurée cette utilité commune dont parle Léon XIII, ou, pour exprimer autrement la même pensée, que soit respecté le bien commun de la société tout entière. La justice sociale ne tolère pas quune classe empêche lautre de participer à ces avantages. Elles pèchent donc toutes deux également contre cette sainte loi, et la classe des riches quand, dégagée par sa fortune de toute sollicitude, elle estime parfaitement régulier et naturel un état de choses qui lui procure tous les avantages sans rien laisser à louvrier ; et la classe des prolétaires, quand, exaspérée par une situation qui blesse la justice et trop exclusivement soucieuse de revendiquer les droits dont elle a pris conscience, elle réclame pour soi la totalité du produit quelle déclare sorti tout entier de ses mains ; quand elle prétend condamner et abolir, sans autre motif que leur nature même, toute propriété et tout revenu qui ne sont pas le fruit du travail, quelles que soient par ailleurs leur nature et la fonction quils remplissent dans la société humaine. Observons à cet égard combien cest hors de propos et sans fondement que certains en appellent ici au témoignage de lApôtre : « Si quelquun ne veut pas travailler, il ne doit pas manger non plus. » 39 LApôtre, en effet, condamne par ces paroles ceux qui se dérobent au travail quils peuvent et doivent fournir ; il nous presse de mettre soigneusement à profit notre temps et nos forces desprit et de corps, et de ne pas nous rendre à charge à autrui alors quil nous est loisible de pourvoir nousmêmes à nos propres nécessités. En aucune manière il ne présente ici le travail comme lunique titre à recevoir notre subsistance 40.
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4. LE JUSTE SALAIRE
70.
Cette exécution nest possible toutefois que si les prolétaires sont mis en état de se constituer, par leur industrie et leur épargne, un modeste avoir, ainsi que Nous lavons répété après Notre Prédécesseur. Mais sur quoi, sinon sur leurs salaires, pourrontils, à force d’économie, prélever quelques ressources, ceux qui doivent demander au seul travail la subsistance et tout ce qui est nécessaire à la vie ?

77.
Et tout dabord, on doit payer à louvrier un salaire qui lui permette de pourvoir à sa subsistance et à celle des siens 44. Assurément, les autres membres de la famille, chacun suivant ses forces, doivent contribuer à son entretien, ainsi quil en est, non seulement dans les familles dagriculteurs, mais aussi chez un grand nombre dartisans ou de petits commerçants. Mais il nest aucunement permis dabuser de l’âge des enfants ou de la faiblesse des femmes. Cest à la maison avant tout, ou dans les dépendances de la maison, et parmi les occupations domestiques, quest le travail des mères de famille. Cest donc par un abus néfaste, et quil faut à tout prix faire disparaître, que les mères de famille, à cause de la modicité du salaire paternel, sont contraintes de chercher hors de la maison une occupation rémunératrice, négligeant les devoirs tout particuliers qui leur incombent, avant tout l’éducation des enfants.
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79.
Dans la détermination des salaires, on tiendra également compte des besoins de lentreprise et de ceux qui lassument. Il serait injuste dexiger deux des salaires exagérés, quils ne pourraient supporter sans courir à la ruine et entraîner les travailleurs avec eux dans le désastre


88.
Que lautorité publique abandonne donc aux groupements de rang inférieur le soin des affaires de moindre importance où se disperserait à lexcès son effort ; elle pourra dès lors assurer plus librement, plus puissamment, plus efficacement les fonctions qui nappartiennent qu’à elle, parce quelle seule peut les remplir : diriger, surveiller, stimuler, contenir, selon que le comportent les circonstances ou lexige la nécessité. Que les gouvernants en soient donc bien persuadés : plus parfaitement sera réalisé lordre hiérarchique des divers groupements selon ce principe de la fonction de subsidiarité de toute collectivité, plus grandes seront lautorité et la puissance sociale, plus heureux et plus prospère l’état des affaires publiques.
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101.
Grève et lockout sont interdits ; si les parties ne peuvent se mettre daccord, une magistrature arbitrale intervient.
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a) Le parti de la violence ou Communisme
120.
Une partie, en effet, du socialisme a subi un changement semblable à celui que nous venons plus haut de faire constater dans l’économie capitaliste, et a versé dans le communisme : celui-ci a, dans son enseignement et son action, un double objectif quil poursuit, non pas en secret et par des voies détournées, mais ouvertement, au grand jour et par tous les moyens, même les plus violents : une lutte des classes implacable et la disparition complète de la propriété privée. À la poursuite de ce but, il nest rien quil nose, rien quil respecte ; là où il a pris le pouvoir, il se montre sauvage et inhumain à un degré quon a peine à croire et qui tient du prodige, comme en témoignent les pouvantables massacres et les ruines quil a accumulés dans dimmenses pays de lEurope orientale et de lAsie ; à quel point il est ladversaire et lennemi déclaré de la sainte Église et de Dieu lui-même, lexpérience, hélas ! ne la que trop, bien trop prouvé, et tous le savent abondamment. Nous ne jugeons assurément pas nécessaire davertir les fils bons et fidèles de l’Église touchant la nature impie et injuste du communisme ; mais cependant nous ne pouvons voir sans une profonde douleur lincurie de ceux qui, apparemment insouciants de ce danger imminent et lâchement passifs, laissent se propager de toutes parts des doctrines qui, par la violence et le meurtre, vont à la destruction de la société tout entière. Ceux-là surtout méritent d’être condamnés pour leur inertie, qui négligent de supprimer ou de changer des états de choses qui exaspèrent les esprits des masses et préparent ainsi la voie au bouleversement et à la ruine de la société.
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Catholique et socialiste sont des termes contradictoires
130.
Que si le socialisme, comme toutes les erreurs, contient une part de vérité (ce que dailleurs les Souverains Pontifes nont jamais nié), il nen reste pas moins quil repose sur une théorie de la société qui lui est propre et qui est inconciliable avec le christianisme authentique. Socialisme religieux, socialisme chrétien, sont des contradictions : personne ne peut être en même temps bon catholique et vrai socialiste.
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143.
La déchristianisation de la vie sociale et économique et sa conséquence, lapostasie des masses laborieuses, résultent des affections désordonnées de l’âme, triste suite du péché originel qui, ayant détruit lharmonieux équilibre des facultés, dispose les hommes à lentraînement facile des passions mauvaises et les incite violemment à mettre les biens périssables de ce monde audessus des biens durables de lordre surnaturel. De là cette soif insatiable des richesses et des biens temporels qui, de tout temps sans doute, a poussé lhomme à violer la loi de Dieu et à fouler aux pieds les droits du prochain, mais qui, dans le régime économique moderne, expose la fragilité humaine à tomber beaucoup plus fréquemment. Linstabilité de la situation économique et celle de lorganisme économique tout entier exigent de tous ceux qui y sont engagés la plus absorbante activité. Il en est résulté chez certains un tel endurcissement de la conscience que tous les moyens leur sont bons qui permettent daccroître leurs profits et de défendre contre les brusques retours de la fortune les biens si péniblement acquis ; les gains si faciles quoffre à tous lanarchie des marchés attirent vers les fonctions de l’échange trop de gens dont le seul désir est de réaliser des bénéfices rapides par un travail insignifiant, et dont la spéculation effrénée fait monter et baisser incessamment tous les prix au gré de leur caprice et de leur avidité, déjouant par là les sages prévisions de la production. Les institutions juridiques destinées à favoriser la collaboration des capitaux, en divisant et en limitant les risques, sont trop souvent devenues loccasion des plus répréhensibles excès ; nous voyons, en effet, les responsabilités atténuées au point de ne plus toucher que médiocrement les âmes ; sous le couvert dune désignation collective se commettent les injustices et les fraudes les plus condamnables ; les hommes qui gouvernent ces groupements économiques trahissent, au mépris de leurs engagements, les droits de ceux qui leur ont confié ladministration de leur épargne. Il faut signaler enfin ces hommes trop habiles qui, sans sinquiéter du résultat honnête et utile de leur activité, ne craignent pas dexciter les mauvais instincts de la clientèle pour les exploiter au gré de leurs intérêts.

144.

Une sûre discipline morale, fortement maintenue par lautorité sociale, pouvait corriger ou même prévenir ces défaillances. Malheureusement elle a manqué trop souvent. Le nouveau régime économique faisant ses débuts au moment où le rationalisme se propageait et simplantait, il en résulta une science économique séparée de la loi morale, et par suite libre cours fut laissé aux passions humaines.

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