L’invasion de l’Afghanistan fut un tournant dans les tactiques militaires soviétiques. S’écartant d’un demi-siècle de tactiques tout en lenteur, laborieuse, consistant à « étouffer l’ennemi par la puissance brute, » le leadership militaire soviétique adopta la frappe éclair. En une nuit, les Soviétiques prirent l’aéroport de Kaboul et entourèrent la ville avec leurs tanks.
Des tanks ? Au cours d’une invasion effectuée en une seule nuit ? Comment des tanks soviétiques de 30 tonnes peuvent-ils débarquer depuis la frontière soviétique vers l’intérieur des terres, dans la ville de Kaboul, en un seul jour ? Quid du terrain accidenté afghan ?
La réponse est simple : il y a deux voies rapides entre l’Union Soviétique et Kaboul, dont une faisant 1.035 km de long. Leurs ponts peuvent supporter des tanks. Vous pensez que les paysans afghans ont bâti ces routes pour leurs chariots tirés par des yaks ? Vous pensez que ce sont les paysans afghans qui ont bâti ces routes ? Non, vous les avez bâties.
En 1966, des comptes-rendus sur ce gigantesque projet de construction commencèrent à voir le jour dans d’obscurs magazines américains. Le projet aboutit l’année suivante. Il faisait partie de la ‘Grande Société’ de Lyndon Johnson. Des ingénieurs soviétiques et américains travaillant de concert, dépensant l’argent de l’aide étrangère américaine ainsi que l’argent soviétique afin que ces voies rapides soient construites. Un tronçon de voie long de 107 km, vers le nord à travers la passe de Salang en direction de l’URSS, coûta 42 millions de $, soit 392.000 $ le km. John W. Millers, chef de l’équipe de géomètres d’United National en Afghanistan, fit la remarque qu’à l’époque ce fut le morceau de route le plus cher qu’il ait jamais vu. Les Soviétiques formèrent et employèrent 8.000 Afghans pour la construire.
S’il y avait une quelconque justice dans ce monde d’aide étrangère internationale, les tanks soviétiques auraient dû rouler le long de panneaux lisant : « Les Impôts des Autoroutes Américaines Sont à l’œuvre. »
Sympas ces Soviétiques. Ils voulaient juste aider une nation en retard technologique. Sympas ces officiels de l’aide étrangère US. Eux aussi voulaient juste aider une nation en retard technologique…l’Union Soviétique. [Présentation par Gary North p.8]
Lénine à propos des hommes aveugles, sourds, et muets :
Les capitalistes du monde et leurs gouvernements, dans leur désir de conquête du marché soviétique, fermeront leurs yeux à la réalité supérieure et se changeront par là-même en hommes aveugles, sourds, et muets. Ils autoriseront des prêts qui renforceront pour nous les Partis Communistes de leurs pays et nous donneront accès aux matériaux et technologies qui nous font défaut, ils restaureront notre industrie militaire, indispensable pour nos futures attaques victorieuses sur nos fournisseurs. En d’autres termes, ils travailleront à la préparation de leur propre suicide.
Quelles est cette ‘réalité supérieure’ identifiée par Lénine ? C’est simplement que le système soviétique ne peut générer suffisamment d’innovation et de technologie pour devenir une superpuissance, et pourtant les ambitions globales soviétiques requièrent que son système socialiste défie et surpasse les systèmes capitalistes des pays occidentaux. p.15
En résumé, toutes les administrations présidentielles, de celle de Woodrow Wilson à celle de Ronald Reagan, ont suivi une politique étrangère bipartisane consistant à bâtir l’Union Soviétique. Cette politique est cachée. C’est une politique de suicide. p.22
Sous l’effet d’intenses pressions politiques de la part des hommes aveugles, sourds, et muets, les hommes politiques américains, en particulier dans les administrations Johnson et Nixon sous l’instigation d’Henry Kissinger (un employé de longue date de la famille Rockefeller), autorisèrent la construction des usines Togliatti (Volgograd) et Kama River.
L’usine automobile de Volgograd, construite entre 1968 et 1971, a une capacité de 600.000 véhicules par an, trois fois plus que l’usine Gorki construite par Ford, qui jusqu’en 1968 avait été la plus grande usine automobile d’URSS.
Bien que Volgograd soit décrite dans la littérature occidentale comme « l’usine Togliatti » ou « l’usine automobile Fiat-Soviétique, » et qu’elle produit effectivement une version de la Fiat-124 sedan, le cœur de la technologie est américain. Les trois-quarts de l’équipement, y compris des chaînes de production clés et des systèmes automatiques, vinrent des USA. Il est vraiment extraordinaire qu’une usine avec un potentiel militaire connu ait pu être équipée par les USA en plein milieu de la guerre du Vietnam, une guerre au cours de laquelle les Nord-Vietnamiens reçurent 80% de leurs fournitures de l’Union Soviétique. p.33
La révolution des semi-conducteurs commença dans la Silicon Valley et représenta un défi pour le monde socialiste à dupliquer. Cela ils ne pouvaient pas le faire. Absolument tous les systèmes d’armement soviétiques disposent d’une technologie de semi-conducteurs qui trouve son origine en Californie et qui a été achetée, volée, ou acquise des USA. p.43
En prenant les semi-conducteurs comme exemple, trois étapes peuvent être identifiées dans le processus de transfert. Les Soviétiques furent capables d’importer ou de fabriquer de petites quantités de semi-conducteurs assez tôt. Ce qu’ils ne purent pas faire en revanche, comme dans le cas de beaucoup d’autres technologies, fut de produire en masse des composants de haute qualité. Cette situation fut décrite par le Dr. Lara Baker, une experte en ordinateurs soviétiques, devant le Congrès :
Le système soviétique, en pré-production, peut réussir à fabriquer quelques unités de n’importe quel produit qu’ils souhaitent, pourvu qu’ils aient la volonté d’y consacrer les ressources nécessaires. Le meilleur exemple de ceci serait le programme spatial ‘civil’ soviétique, grâce auquel ils réussirent à mettre des cosmonautes en orbite avant les USA, mais pour un coût élevé.
Dans le domaine de la production en série, c.-à-d., la production quotidienne de grandes quantités d’un produit donné, les différences entre les deux systèmes deviennent les plus flagrantes. La production en série est le talon d’Achille du bloc soviétique. En particulier en ce qui concerne les hautes technologies, le problème que les Soviétiques ont est d’assurer l’uniformité de la qualité : ils comptent les produits, pas leur qualité. C’est le domaine dans lequel les Soviétiques exhibent la plus grande faiblesse et ont par conséquent le plus besoin d’aide. p.44
…on peut identifier les étapes grâce auxquelles les Soviétiques ont acquis la technologie des semi-conducteurs :
1951 Le semi-conducteur est développé dans la vallée de Santa Clara, Californie. À partir de ce moment, les Soviétiques importent des puces et fabriquent en petite quantité.
1971 Développement de « l’ordinateur dans une puce. » Les Soviétiques restent incapables de produire en série y compris des semi-conducteurs primitifs.
1973 Control Data Corporation (CDC) est d’accord pour fournir aux Soviétiques une vaste sélection d’informations scientifiques et d’ingénierie, y compris la fabrication et la conception d’un énorme ordinateur rapide (75 à 100 millions d’opérations par seconde est rapide même en 1985) ainsi que les techniques de fabrication des semi-conducteurs et technologies associées.
1977-80 Les Soviétiques acquièrent la technologie d’une usine de semi-conducteurs à travers le réseau [d’espionnage] Bruchhausen et la Continental Trading Corp. (CTC). L’accord avec la CDC donne l’accès aux Soviétiques à suffisamment d’information pour mettre en place un programme d’achat et d’espionnage. La CDC dît aux Soviétiques ce qu’ils avaient besoin d’acquérir.
1981-82 Le Ministère du Commerce ne fait pas d’efforts pour mettre en application les régulations sur le contrôle des exportations. Le service US des douanes fait lui ce qu’il peut pour stopper l’exportation d’équipement de fabrication de semi-conducteurs.
1985 Les Soviétiques montent une usine de production de masse de semi-conducteurs. L’équipement militaire soviétique est alors basé sur ces nouveaux produits.
1986 Le contribuable américain continue à soutenir un budget de défense annuel de plus de 300 milliards de $. Sans ces transferts, les militaires soviétiques n’auraient pas pu se mettre à utiliser des ordinateurs et le budget de défense des USA aurait été réduit. p.46-47
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