La deuxième phase d’acquisition de la technologie de production en série des semi-conducteurs fut le réseau Bruchhausen.
Le réseau comportait un syndicat d’une vingtaine de compagnies d’électronique de « façade » établies par Werner J. Bruchhausen, 34 ans, Ouest-Allemand. La clé de voûte tait un ensemble de sociétés aux initiales CTC (Continental Trading Corporation), gérée par Anatoli Maluta, né Russe et naturalisé Américain. Un sous-comité du Congrès consacra un temps et des ressources hors normes à reconstituer les activités de l’opération CTC-Maluta. P.47
Jusqu’à la moitié des années 1960, l’importation directe d’ordinateurs depuis les USA était fortement restreinte par les régulations de contrôle des exportations. En 1965, seuls 5.000 $ d’équipement électronique furent envoyés des USA vers l’URSS, et seuls 2.000 $ en 1966. Cela changea en 1967. Les exportations d’ordinateurs bondirent à 1.079.000 $... p.59
En résumé, General Electric, à partir de 1959, vendit à l’Union Soviétique à travers ses filiales européennes une sélection de ses ordinateurs de milieu de gamme.
…
Le plus important fournisseur d’ordinateurs de l’URSS a été International Computers & Tabulations, Ltd. Du Royaume-Uni, qui a également sous licence la technologie RCA [Radio Corporation of America], et en 1970 avait fourni au moins 27 des 33 gros ordinateurs alors en Russie. p.60
Avant que n’obtenions le système de guidage américain, nous pouvions à peine trouver Washington avec nos missiles. Après, nous pouvions trouver la Maison Blanche.
Sans l’aide américaine, le système militaire soviétique s’effondrerait en un an et demi.
Avraham Shifrin, ancien officiel du Ministère Soviétique de la Défense. p.67
En réalité, les Soviétiques n’auraient même pas pu accomplir leur programme Soyouz sans l’aide américaine. Le mécanisme d’arrimage [de la capsule] est une copie directe du mécanisme d’arrimage américain. p.70
Dans les dix années entre décembre 1959 et décembre 1969, les USA firent 18 tentatives de rapprochement avec l’URSS pour des « coopérations » spatiales.
En décembre 1959, l’administrateur de la NASA R. Keith Glennan offrit de l’aide pour suivre les vols habités soviétiques. Le 7 mars 1962, le Président Kennedy proposa un échange d’information des stations de pistage et acquisition de données, et le 20 septembre 1963 il proposa une exploration jointe de la Lune, une offre plus tard réitérée par le Président Johnson. Le 8 décembre 1964, l’administration proposa un échange d’équipes pour visiter des stations de pistage et acquisition de données sur l’espace lointain. Le 3 mai 1965, la NASA suggéra des tests de communication joints via le Molnlya I soviétique. Le 25 août 1965, la NASA demanda à l’Académie des Sciences soviétique d’envoyer un représentant pour le lancement de Gemini VI, et le 16 novembre la NASA s’enquit de tests de communication joints via le Molnlya I. Quatre offres américaines furent faites en 1966 ; en janvier la NASA parla de sondes vers Vénus ; le 24 mars et le 23 mai, l’administrateur James Webb suggéra que les Soviétiques proposent des sujets de discussion ; et en septembre l’Ambassadeur Arthur Goldberg souleva une fois encore la question du pistage par les USA des missiles soviétiques. p.71
Le mirvage [Multiple Independently targeted Reentry Vehicle – Véhicules de Ré-entrée Multiples Indépendamment ciblés] est la capacité de déployer un certain nombre d’ogives depuis un unique missile, augmentant ainsi considérablement la capacité d'emport. Les missiles soviétiques de 3ème génération n’avaient pas cette capacité. Comme écrit par le Ministère de la Défense dans un rapport : «…ce ne fut qu’à partir de la 4ème génération que la technologie devint disponible aux Soviétiques leur permettant une capacité d'emport supérieure et une précision grandement accrue en sorte que les MIRV à haut rendement pouvaient dès lors être portés par des missiles opérationnels. »
La phrase « devint disponible » est un euphémisme du DoD pour dévoiler ce qui avait été caché au public : que ce sont les USA qui ont mis cette technologie à disposition. La 4ème génération d’ICBM [missiles balistiques intercontinentaux] se compose des SS-17, SS-18, et SS-19 ; qui aujourd’hui ont la capacité de détruire la plupart de nos 1.000 missiles Minuteman avec seulement une portion de leurs têtes. p.75
Dans les semaines qui viennent nombre d’entre vous verront à quelques centaines de mètres de vous sur l’eau quelques exemples des technologies les plus modernes jamais inventées aux USA. Malheureusement, elles se trouvent sur des navires soviétiques.
Ministre de la Marine John Leman, le 25 mai 1983, aux futurs diplômés d’Annapolis
Les Soviétiques ont concentré leurs acquisitions dans les domaines liés aux porte-avions, aux capacités de plongée en grande profondeur, aux systèmes de détection pour la guerre sous-marine et la navigation, et les installations d’entretien des navires. Dans le domaine de l’entretien, deux énormes cales sèches flottantes achetées au Japon, soi-disant pour un usage civil, ont été déviées pour un usage militaire. Les cales sèches sont vitales à la fois pour des réparations de routine et des réparations rapides de navires endommagés lors de conflits. En 1978, quand les Soviétiques eurent accès à la première de ces cales sèches, ils la déroutèrent à l’attention de la flotte du Pacifique. L’autre fut envoyée à la flotte du Nord en 1981.
Ces cales sèches flottantes sont si énormes qu’elles peuvent transporter plusieurs navires à la fois. Plus important, ce sont les seules installations de cales sèches à disposition des deux principales flottes soviétiques – celle du Nord et celle du Pacifique – capables d’entretenir les nouveaux porte-avions V/STOL de classe Kiev. Les sous-marins transportant des missiles balistiques, les porte-avions de classe Kiev, et les destroyers soviétiques furent parmi les premiers vaisseaux à être réparés dans ces cales sèches. Ces dernières sont si grandes qu’aucun chantier naval soviétique ne peut accueillir leur construction sans d’importantes modifications préalables des installations, associées à des dépenses conséquentes, et l’interruption des programmes d’armement actuels. Leur importance sera encore plus grande quand les Soviétiques construiront les porte-avions encore plus gros (pour les avions à haute performance) projetés pour les années 1990. Les Soviétiques ont acquis de l’Occident l’équipement de catapultage de porte-avions ainsi que de la documentation pour ce porte-avions plus gros [restant à construire] ; la technologie de catapultage, bien que relativement commune en Occident, est hors de portée des capacités soviétiques.
Dans les années 1980, l’URSS signa un contrat pour ou acheta des navires d’étude océanographique construits à l’étranger et équipés de certains des équipements les plus modernes que la technologie occidentale puisse offrir. À la place de l’équipement américain, sous embargo, d’autres équipements occidentaux furent installés à bord de ces navires. Cette modernisation de la flotte océanographique la plus importante du monde avec de la technologie occidentale aidera au développement des programmes de systèmes d’armement soviétiques et des systèmes anti-sous-marins utilisés contre l’Occident. p.81-82
Un objectif soviétique connu dans le domaine de la guerre économique est de rendre l’Europe occidentale dépendante de l’Union Soviétique. Une telle dépendance réduira considérablement les options européennes en cas de conflit avec celle-ci. Les Soviétiques ont conçu un projet de gazoducs massif, suffisamment énorme pour changer toute l’infrastructure sibérienne afin d’acheminer ces réserves sibériennes de gaz naturel vers une Europe en manque de gaz, rendant ainsi l’Europe dépendante d’une source vitale d’énergie. Dans le même temps, les Soviétiques ont convaincu les hommes occidentaux aveugles, sourds, et muets de financer ce contrat de 22 milliards de $ et ainsi de financer leur propre destruction – comme Lénine l’avait prédit. p.84
Un rapport d’évaluation de la CIA rendu à la fin des années 1970 concluait que « l’URSS est hautement dépendante de la technologie chimique occidentale. » À cette époque la CIA estimait que les usines équipées en Occident comptaient pour les proportions suivantes de la production chimique soviétique :
40% des engrais complexes
60% du polyéthylène
75-80% de la fibre de polyester
85% de l’ammoniaque
Le rapport ne disait rien, en revanche, sur un fait critique : que les usines soviétiques fabriquant ces produits chimiques et d’autres se servent intégralement de technologie copiée ou obtenue par rétro-ingénierie d’équipement occidental. Il n’y a rien de tel qu’une technologie chimique soviétique indigène. p.91
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