Sunday 28 February 2016

La ruée vers le liquide a commencé - Pourquoi ça rapporte de paniquer en premier

[https://www.armstrongeconomics.com/markets-by-sector/foreign-exchange/euro/euro-for-month-end-feb-2016/

...on n'anticipe pas de + bas de l'€ AVANT 2018 et au plus tard en 2020-2021...]

En août 2012, quand les taux d’intérêt négatifs étaient encore considérés comme une pure folie de la politique monétaire au lieu d’une réalité monétaire globale qui a poussé 6.000 milliards de $ en obligations à rendement négatif, la Réserve Fédérale de NY imaginât des scénarios de taux négatifs et écrivit « Faites attention à ce que vous souhaitez, » expliquant que « si les taux deviennent négatifs, le Bureau de la Gravure et de l’Imprimerie du Ministère des Finances US sera probablement appelé à imprimer beaucoup plus de billets au fur et à mesure que les individus et les PME substituent l’argent liquide d’au moins une partie de leur compte en banque. »

Eh bien peut-être que non…surtout si l’argent physique disparaît graduellement en faveur d’argent électronique « équivalent » comme autant d’ « économistes érudits » et de médias l’ont suggéré récemment, pour la simple raison que dans un monde avec des taux d’intérêt négatifs, l’argent physique – tout comme l’or physique – constitue un exutoire bien pratique à la répression financière consistant à maintenir ses économies sous forme digitale à la banque où lesdites économies sont taxées à -0,1%, ou -1%, ou -10% ou pire chaque année par une banque centrale et un gouvernement tous deux espérant forcer les consommateurs à dépenser plutôt que d’économiser.

Pour le moment le liquide est toujours légal, et la NIRP [Politique des Taux d’Intérêt Négatifs] – bien qu’elle soit déjà une réalité pour les banques elles-mêmes – reste toujours à être transmise aux épargnants.

Le problème plus grave est que dans tous les pays ayant lancé une NIRP, au lieu de forcer à dépenser, l’exact opposé s’est produit : comme on l’a montré en octobre dernier, quand Bank of America s’est intéressée aux tendances d’épargne dans les pays Européens soumis à une NIRP, au lieu de faciliter les dépenses, ce qui s’est passé est précisément l’inverse : « comme le BIS l’a souligné, les taux très bas peuvent de manière perverse inciter à une plus grande propension des consommateurs à économiser vu que leur retraite devient plus incertaine. »



Appelez une erreur monumentale de plus de la part des planificateurs keynésiens qui, une fois de plus, n’ont pas réussi à estimer les nuances du bon sens et des préférences de liquidité des consommateurs moyens.

Cependant, ce n’est pas parce que les taux d’intérêt négatifs n’ont pas encore été répercutés sur les épargnants, ou parce que le liquide n’est pas encore illégal, ne signifie pas que cela ne le sera pas.

La question est double : que se passe-t-il après que les économies des épargnants lambda dans les banques sont officiellement taxés et/ou que le liquide disparaît, et, de manière plus importante, que se passe-t-il juste avant ?

En d’autres termes, y aura-t-il une ruée sur le liquide ?

La vérité c’est que si la société panique et qu’il y a bien une ruée des dépôts électroniques des banques vers l’argent physique afin d’échapper à la taxation via les taux négatifs, seuls ceux qui paniquent en premier seront à l’abri. Pourquoi ? À cause de la « magie » de la réserve fractionnaire – il n’y a tout simplement pas assez d’argent physique en circulation pour satisfaire la demande de tous les épargnants.

Voilà comment Steven Major d’HSBC explique le problème :

Au vu des éléments jusqu’à présent, les foyers ne se sont pas encore rués pour retirer du liquide afin de le mettre dans un coffre personnel ou, de manière plus significative, n’ont pas payé quelqu’un pour le stocker à leur place. C’est parce que les taux de dépôts de l’épargne sont encore au-dessus de zéro étant donné que les banques ont choisi de ne pas répercuter les taux de marché plus bas.

La présupposition consistant à dire que les dépôts des banques peuvent rapidement être convertis en liquide ne tient pas, à notre avis. Si tout le monde cherchait à retirer leur liquide de la banque en même temps, le système arriverait à court très vite vu qu’il n’y a tout simplement pas assez de billets en circulation. Il faudrait un temps considérable pour imprimer les billets nécessaires pour répondre à la demande. Une banque centrale pourrait appliquer un taux négatif pendant très longtemps dans ces conditions. Par exemple, aux USA, mais si le taux de production doublait – et en supposant que le taux de retrait des vieux billets resterait le même et qu’il y a une demande pour 3.000 milliards de $ de nouveaux billets – l’impression prendrait 20 ans.

Pour expliquer ceci, considérez la demande de monnaie générée si les épargnants essayaient de retirer du liquide du système bancaire US. La demande pourrait atteindre n’importe quel montant compris entre 2.500 milliards (de réserves excédentaires) et 4.500 milliards (le bilan global de la Réserve Fédérale). À l’heure actuelle il y a 1.500 milliards de $ de monnaie en circulation et la production globale annuelle correspond à une valeur faciale de 149 milliard de $, indiquant que l’impression des billets prendrait 20 ans.

L’argent en circulation ne pèse pas grand-chose comparé à la demande potentielle en cas de taux négatifs. Pour donner un exemple, les actifs de la Fed sont trois fois supérieurs à l’argent en circulation, et ceux de la Riksbank [banque centrale de Suède] presque dix fois supérieurs (voir tableau 1), mais la capacité de production est limitée.

[caption id="" align="aligncenter" width="600"]                         L'argent en circulation pèse peu face aux réserves des banques centrales[/caption]

Même s’il a largement raison, Major a tort sur deux points essentiels.

Tout d’abord, quand on estime la demande potentielle pour l’argent physique en circulation, on doit prendre en compte non seulement le montant des réserves totales de la Fed (ou son bilan dans son ensemble) mais le système bancaire de réserve fractionnaire dans son intégralité, et en particulier le montant des dépôts garés dans les banques sous la forme de comptes de demande, comptes chèques, comptes d’épargne, soit en d’autres termes tous les composants majeurs de [la masse monétaire] M2. Non seulement cela, mais on doit aussi comptabiliser la menace annoncée par un nombre croissant d’économistes ayant trait à la disparition potentielle des billets à valeur faciale élevée, d’abord en Europe avec le 500€ puis aux USA avec le 100$.

Ce qu’une interdiction des Ben Franklin (100$) impliquerait est que la valeur notionnelle totale de la monnaie US en circulation plongerait de 1.350 milliards de $ au dernier compte, à tout juste 271 milliards de $ une fois la valeur de 1.080 milliards en billets de 100$ éliminée. Pour mettre cela en perspective, il y a pour le moment 11.100 milliards de $ d’épargne placée dans divers types de comptes dans les banques comme résumé dans le graph ci-dessous.

[caption id="" align="aligncenter" width="600"]           Agrégats Monétaires Primaires: Argent en Circulation vs Dépôts Bancaires      Monnaie en Circulation sauf billets de 100$ (G) Total de la Monnaie en Circulation (C) Total des Comptes de Dépôt, Chèques, et D'épargne (D)[/caption]

[…]

Quand bien même, ce que le graphique montre c’est que si, et quand, une ruée sur le liquide va commencer, il y aura en gros 1$ physique pour répondre à une demande de 10$ de la part des épargnants, un ratio qui chute à 20 cents [0,2 $] de liquide « livrable » si les Ben Franklin sont mis hors circulation.

***

La seconde, et bien plus vitale, erreur que commet Major est de supposer que « les foyers ne se sont pas encore rués pour retirer du liquide afin de le mettre dans un coffre personnel. » Comme on l’a expliqué précédemment, si cela a pu être vrai pendant longtemps depuis 2014 quand les premiers cas de NIRP ont fait surface, ce n’est désormais plus le cas. Rappelez-vous « Les Coffres en Rupture de Stock au Japon, La Demande pour les Billets de 100 Francs Suisses Accélère – NIRP Provoque une Accumulation de Liquide »

Maintenant que les appels à l’interdiction du liquide se sont fait entendre par les masses en général crédule et que Jose Canseco et autres du même tonneau s’époumonent face aux taux négatifs, les épargnants commencent à retirer leur argent des banques.

« Ne regardez pas plus loin que les magasins de bricolage du Japon pour un signe inquiétant que les épargnants accumulent du liquide – le contraire de ce que la Banque du Japon [BoJ] espérait quand elle a récemment introduit les taux d’intérêt négatifs, » écrivait le WSJ ce matin. « Les signes émergent d’une demande en forte augmentation pour les coffres-forts – un endroit où le taux d’intérêt sur le liquide est toujours zéro, quoi que fassent les banques centrales. »



« En réponse aux taux d’intérêt négatifs, des personnes âgées pensent stocker leur argent sous leur matelas, » déclarait au Journal une vendeuse du magasin Shimachu dans l’est de Tokyo, qui dit également qu’au moins un modèle coûtant 640€ est en rupture de stock et ne sera pas à nouveau disponible avant un mois.

« D’après la théorie de la BoJ, ils auraient dû mobiliser leurs fonds vers des actifs plus risqués mais à rendement supérieur. Au lieu de ça, ils sont allés vers le liquide qui ne rapporte rien, » écrivait Richard Katz, auteur de The Orient Economist ce mois-ci.

Pendant ce temps en Suisse, la circulation des billets de 1.000 francs a bondi de 17% l’année passée à la suite de la NIRP instaurée par la Banque Centrale Suisse [SNB].

« Une conséquence de la décision d’abaisser le taux de dépôt de la SNB vers des territoires négatifs fin 2014, et de creuser la négativité jusqu’à atteindre -0,75% en début d’année, a peut-être été d’accélérer le stockage de liquide, » rapporte le WSJ. « Détenir de l’argent liquide le protégerait du risque que les banques suisses à une certaine échéance se mettent à faire payer aux clients leurs dépôts d’argent. »

« Le lien entre l’augmentation de la circulation des billets à forte valeur faciale et la politique de la banque centrale est évident, » dit Karsten Junius, économiste en chef dans la banque J. Safra Sarasin. Eh bien oui, il l’est. Tout comme le lien entre l’augmentation des ventes de coffres-forts au Japon et la NIRP de Haruhiko Kuroda est clair comme de l’eau de roche.

Donc une fois encore, on voit que quand on expérimente des politiques qui vont à l’encontre de la logique (comme de faire payer les gens pour garder leur argent), il y a souvent des conséquences imprévues, et quand on ajoute une demande atone à cause des NIRP dans un système monétaire qui inclut toujours les billets de banque, vous obtenez une ruée sur le liquide. Et sur les coffres-forts pour le stocker.

Encore avec cet article : « La Demande pour les Gros Billets Augmente alors que le Japon Bourre ses Coffres de Billets de 10.000 Yens. »

« La demande pour les billets de 10.000 yens augmente régulièrement au Japon, alors que la population du pays décroît et que l’utilisation de cartes de crédit et d’autres formes de paiement électronique augmente, » écrit Bloomberg. « Alors que plus de liquide semble être une bonne idée, certains économistes sont inquiets du fait que cela indique que les foyers japonais planquent de l’argent à la maison au lieu de l’investir ou de le mettre dans des comptes en banque – où il peut faire son chemin vers le système financier et se rendre utile. »

Un fabriquant de coffres-forts qui a parlé avec Bloomberg a dit que les envois de coffres ont doublé ces six derniers mois. Si une partie de la demande peut être attribuée à la nouvelle initiative « My Number » du pays, « la NIRP va probablement intensifier la préférence des foyers japonais pour stocker leur liquide chez eux, » dit Hideo Kumano, économiste au Dai-ichi Life Research Institute. « De manière générale, la tendance du plus de liquide à la maison reflète les inquiétudes quant à la perspective sur l’économie parmi les foyers. Ce n’est pas une bonne chose. »

Non, vraiment pas, et pas à  cause des inquiétudes quant à la perspective sur l’économie : cela ne comptait plus avant l’arrivée d’Abe et Kuroda sur le devant de la scène, surtout à cause de la spirale du désespoir de la démographie du Japon.

« Ce n’est pas une bonne chose » parce que cela confirme que la ruée globale sur le liquide – quand bien même les banquiers du monde entier aimerait que cela reste un secret – a commencé, et comme le montre le graphique ci-dessus, dans un monde fonctionnant en réserves fractionnaires dans lequel il y a 10$ réclamés par les épargnants pour chaque $ en argent physique, cela paye littéralement d’être le premier à paniquer, vu que les 9 personnes sur 10 qui paniquent après la première personne n’auront rien.

***

Au final, ce à quoi cela se résume est la pyramide inversée d’Exeter. Pour rappel, c’est ainsi que Paul Singer d’Elliott résume la valeur notionnelle totale des différents classes d’actifs :

 

Dérivés OTC :            692.000 milliards de $ fin 2014, selon le BIS. Pour comparer, ce chiffre était de 72 milliards en 1998.

Immobilier :              180.000 milliards de $.

Obligations :             161.000 milliards de $ fin 2014.

Actions :                     64.000 milliards de $.

M1 Globale :              24.000 milliards de $ fin 2013.

Or :                                6.800 milliards de $ fin 2013.

 

Parce qu’une fois que les banques sont à court d’argent liquide dans une pagaille post-NIRP, il y a toujours – au moins jusqu’à ce qu’il soit à nouveau confisqué – l’or.



http://www.zerohedge.com/news/2016-02-27/global-run-physical-cash-has-begun-why-it-pays-panic-first

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