Vème TraitéDe la vie Supersensuellequi est un Dialogue d’un Maître avec son Disciple
Le disciple dit au
Maître : Comment puis-je parvenir à la vie supersensuelle [au-delà des
sens], tellement que je voie Dieu et l’entende parler ?
Le Maître
répondit : si tu peux t’élever pour un moment jusque là, où nulle créature
habite, tu entendras ce que Dieu parlera.
Le disciple
dit : cela est-il loin ou près ?
Le Maître
dit : il est en toi, et si tu peux garder le silence [sans pensée
compulsive] pour une heure [Osho parle de 48 minutes] dans tout ton vouloir et
tes sens, tu entendras des paroles de Dieu inexprimables.
Le disciple :
comment pourrois-je entendre, si mon vouloir et mes sens sont en silence ?
Le Maître :
Lorsque les sens et le vouloir de l’ispaïté [~l’égo] seront en silence, l’ouïr,
le voir et le parler éternel sera manifeste en toi : Dieu lui-même
entendra et verra par toi ; ton propre ouïr, ton propre vouloir et ton
propre voir t’est un obstacle, que tu ne peux ni voir ni entendre Dieu.
Le disciple : par
quel moyen puis-je voir et entendre Dieu, puisqu’il est au-dessus de la nature
et de la créature ?
Le Maître :
lorsque tu te tiens en silence, tu es alors cela même, que Dieu étoit avant la
nature et la créature, d’où il a formé ta nature et ta créature : alors tu
vois et tu entends avec ce avec quoi il
voyoit et entendoit en toi, avant que ton propre vouloir, voir et entendre eût
commencé.
Le disciple :
qu’est-ce qui me retient, que je ne puisse parvenir à cet état ?
Le Maître : ton
propre vouloir, ton propre voir et entendre, et que tu résistes à ce d’où tu as
tiré ton origine : par ton propre vouloir tu te déromps du vouloir de
Dieu, et par ton propre voir tu n’envisages que ton vouloir ; ton vouloir
[égo] bouche ton ouïr par ta sensualité [perception par les sens] des choses
terrestres et naturelles, il t’introduit dans un fond et t’ombrage avec ce que
tu veux, tellement que tu ne saurois t’élever aux choses surnaturelles et
supersensuelles.
Le disciple :
puisque je suis dans la nature, comment puis-je parvenir par la nature dans le
fond supersensuel, sans la destruction de la nature ?
Le Maître :
trois choses sont nécessaires pour cela. La première, que tu adonnes ta volonté
à Dieu, et que tu t’abîmes dans sa miséricorde. La deuxième, que tu haïsses ta
propre volonté, et que tu ne fasses point ce à quoi elle te pousse. La
troisième, que tu te soumettes à la croix, afin que tu puisses soutenir les
tentations de la nature et de la créature : si tu fais cela, Dieu parlera
au-dedans de toi, et il introduira ta volonté expropriée en soi, dans le fond
surnaturel ; alors tu entendras ce que Dieu parle en toi.
Le disciple :
si je faisois cela, il faudroit que je quitasse le monde et ma propre vie.
Le Maître : si
tu abandonnes le monde, tu entres en ce dont le monde a été formé : et si
tu perds ta vie, et que tu défailles dans ton propre pouvoir, alors tu demeures
en ce qui t’oblige à l’abandonner, savoir en Dieu, d’oû ces choses sont
devenues corporelles.
…
Le disciple :
ô mon cher Maître, enseigne-moi, je te prie, comment je puis parvenir le plus
promptement à cet état, que tout me soit égal.
Le Maître :
volontiers, souviens-toi de ces paroles de notre Seigneur Jésus Christ : si vous n’êtes changés et ne devenez comme
des petits enfants, vous ne pouvez voir le royaume de Dieu. Math 18:3. Si
donc tu souhaites que tout te soit égal, il faut que tu renonces à tout, et que
tes désirs te détournent de toutes choses, et que tu ne les appètes point,
tellement que tu ne souhaites posséder aucune chose en propre…
…
Le disciple :
que deviendroit donc le corps, puisqu’il faut qu’il vive dans la
créature ?
Le Maître : le
corps seroit mis dans l’imitation de Jésus Christ, qui a dit : mon règne n’est point de ce monde. Il
commenceroit à mourir intérieurement et extérieurement ; au dehors à la
vanité et aux œuvres mondaines, il deviendroit l’ennemi de toute
lasciveté ; au-dedans à toutes les mauvaises convoitises et
inclinations : il recevroit un sens nouveau, et une volonté toute
nouvelle, qui seroient continuellement tournés à Dieu.
Le disciple :
mais le monde viendroit à cause de cela à le haïr et mépriser, parce qu’il
faudroit qu’il lui contredit, qu’il menât
une autre vie et une autre conduite que lui.
Le Maître :
c’est ce dont il ne se souciera aucunement, comme si on ne lui faisoit aucune
peine ; au contraire, il se réjouïra d’être rendu digne de devenir
conforme à l’image de notre Seigneur Jésus Christ, il portera très volontiers
cette crois après lui, afin qu’il lui influe son amour très suave.
…
Le disciple :
mais il est bien difficile d’être méprisé de tout le monde.
Le Maître : ce
qui te paroit maintenant difficile, tu l’aimeras dans la suite le plus.
…
Le disciple :
mon maître, je ne puis plus supporter ce qui me retient dans l’égarement,
comment pourrais-je prendre le chemin le plus court pour le trouver ?
Le Maître :
marche là où le chemin est le plus rude, embrasse ce que le monde rejette, ne
fais point ce qu’il fait : marche
en toutes choses d’une manière opposée au monde ; c’est le chemin le plus
court pour parvenir à l’amour de Dieu.
Le disciple :
si je viens à prendre une conduite opposée en toutes choses au monde, je serai
réduit dans la dernière nécessité et inquiétude, et avec cela je serois réputé
pour fou.
Le Maître : je
ne dis pas que tu dois faire du mal à personne, mais comme le monde n’aime que
la tromperie et la vanité, et marche dans une voie fausse ; si tu veux
prendre le contrepied en toutes choses, tu n’as qu’à marcher dans le droit
chemin, car la droite voie est opposée à toutes les siennes.
Quant à ce que tu
dis, que tu n’aurois que du tourment, cela n’arrive qu’à l’égard de la chair,
et cela te donne une continuelle occasion à la repentance ; et l’amour
aime le plus d’être dans cette angoisse avec son souffler de feu.
Tu dis encore qu’on
te tiendra pour un fou, cela est aussi vrai, car la voie qui nous amène à
l’amour de Dieu est une folie devant le monde, mais à l’égard des enfants de
Dieu, c’est une sagesse…
Le
disciple demanda encore au Maître : où s’en va l’âme, lorsque le corps
meurt, soit qu’elle soit bienheureuse ou damnée ?
Le Maître :
elle n’a pas besoin d’être transportée, mais c’est seulement cette vie
extérieur mortelle avec le corps qui se sépare seulement de l’âme : elle a
déjà auparavant le ciel et l’enfer en soi, comme il est écrit : le règne de Dieu ne viendra point avec
apparence ; on ne dira point aussi : voici il est ici, car le règne
de Dieu est au-dedans de vous ; elle demeure dans ce qui sera
manifeste en elle, ou dans le ciel ou dans l’enfer.
Le disciple :
n’est-elle donc pas transportée dans le ciel ou dans l’enfer, de la même
manière qu’on entre dans une maison, ou comme on passe par quelque trou dans un
autre monde ?
Le Maître :
nullement, il ne se passe aucun tel transportement : car le ciel et
l’enfer sont présents partout ; ce n’est qu’une introversion de la
volonté, ou dans l’amour de Dieu ou dans la colère ; et cela arrive dans
les jours de notre vie, ce qui fait dire à Saint Paul : notre conversation est dans les cieux.
Christ dit aussi : mes brebis
entendent ma voix, et je les connois, et elles me suivent, et je leur donne la
vie éternelle, nul aussi ne les ravira de ma main. Jean, 10:27,28.
Le disciple :
comment se fait cette entrée de la volonté dans le ciel ou dans l’enfer ?
Le Maître :
lorsque la volonté s’abandonne tout au fond à Dieu, alors elle sort d’elle-même
hors de tout principe et de tout lieu, où Dieu seul se manifeste, où il opère,
et où sa volonté se fait, et ainsi elle devient à soi-même un néant selon sa
propre volonté : alors Dieu veut et opère en elle, et il habite dans sa
volonté expropriée, et c’est par là que l’âme est sanctifiée, qu’elle entre
dans le repos divin.
Lors donc que le corps romp, l’âme se trouve toute pénétrée de l’amour
divin, et transparente de la lumière divine, comme le fer est rougi dans le feu
et y perd sa noirceur. C’est là la main de Christ, où l’amour de Dieu habite
entièrement en toutes les parties de l’âme, et c’est en elle une lumière
éclatante et une nouvelle vie : c’est ainsi qu’elle est dans le ciel et
qu’elle est un temple du Saint Esprit, et elle-même est le ciel de Dieu, dans
lequel il habite.
Mais une âme impie ne veut point entrer durant cette vie dans l’expropriation
divine de sa volonté [abandon de l’égo], mais elle persévère dans ses propres
convoitises et désirs, dans la vanité et dans la fausseté, dans la volonté du
diable : elle n’amasse en soi que la malice et les mensonges, l’orgueil,
l’avarice, l’envie et la colère, et elle s’y jette par sa volonté. Cette vanité
devient aussi manifeste et opérante en elle et pénètre l’âme entièrement, comme
le feu pénètre le fer. Une telle âme ne peut parvenir au repos divin car la
colère de Dieu est manifeste en elle ; et lorsqu’elle se sépare du corps,
alors le remords et le désespoir éternel commencent, car elle sent qu’elle est
devenue une pure abomination, pleine d’angoisse, et elle a honte de s’approcher
de Dieu avec sa fausse volonté, et certes elle ne le peut pas car elle est
captive dans la fureur et qu’elle n’est qu’une pure fureur, et elle y est
enfermée par les mauvais désirs qu’elle a excités en soi. Et puisque la lumière
divine ne luit point en elle, et que son amour ne l’attouche point, elle n’est
que ténèbres épaisses, et un tourment de feu bien pénible et angoisseux, elle
porte l’enfer en soi, et ne sauroit voir la lumière divine. Ainsi elle demeure
en elle-même dans l’enfer, sans avoir besoin d’y entrer : car partout où
elle est, elle est dans l’enfer ; et quand elle pourroit s’éloigner de son
lieu de plusieurs mille lieues, elle se trouveroit néanmoins toujours dans ce
tourment et dans ces ténèbres.
…
Le disciple :
puisque le ciel et l’enfer sont aux prises au de dans de nous durant cette vie
et que Dieu est si près de nous, quelle est l’habitation des anges et des
diables durant tout ce temps ?
Le Maître : là
où tu n’habites point avec ton ipsaïté et ta propre volonté [sans l’égo], c’est
là où habitent les anges avec toi et partout ; et là où tu habites avec
ton ipsaïté et ta propre volonté [avec l’égo], c’est là où habitent les diables
avec toi et partout.
Le disciple :
je ne comprends pas cela.
Le Maître : là
où la volonté de Dieu se déploie en quelque chose, Dieu y est manifeste, et les
anges habitent aussi dans cette manifestation ; et lorsque Dieu ne veut
pas dans une chose avec la volonté de cette chose, Dieu n’y est point
manifeste, mais il habite seulement en soi-même, sans aucune coopération de
cette chose ; là il n’y a qu’une propre volonté hors de la volonté de
Dieu, et c’est là où habite le diable et tout ce qui est hors de Dieu.
…
Le Chemin Pour Aller à Christ
No comments:
Post a Comment