Saturday, 15 July 2017

Les véritables causes de la Grande Dépression III

1929 - I


C'est le 7 février que la Fed se mit à carrément menacer Wall Street. Les prêts des brokers avaient atteint 5,6 B$ et la Fed pensait que c'était trop... Le comité de direction menaça également "de restreindre l'utilisation des facilités de crédit de la Fed aidant la croissance des fonds destinés à la spéculation."
En parallèle, la Banque d'Angleterre releva son taux directeur de 4,5% à 5,5% afin de limiter la fuite de l'or vers les USA bénéficiant d'un taux directeur de 5% à NY.
Ces deux événements furent la cause de la baisse des marchés début février. Mais ils ne les firent pas chuter. p.199-200

Le débat faisait rage quant au droit de la Fed de pointer du doigt le seul marché action. Beaucoup sentaient que la hausse était le fruit de la baisse artificielle des taux par la Fed afin de soulager la crise du crédit en Europe.
Time magazine fit une observation juste de la raison pour laquelle les marchés ignorèrent cette critique de la Fed:

"Les spéculateurs ont compris il y a longtemps que les autorités de la Fed désapprouvent leur activité. La question est quelles mesures la Fed peut-elle prendre pour traduire cette désapprobation en une coupure réelle des crédits. Les débats sur le pouvoir (à distinguer de ses opinions) du comité de direction de la Fed sont gênés par l'idée préconçue selon laquelle il s'agit d'un groupe tout puissant d'individus nommés par le gvt, assis à Washington, et tournant la manette du crédit tels des pompiers avec une lance à incendie. La théorie de la Fed est que ses banques membres dans chaque district se rencontrent, joignent leurs ressources, et forment une réserve quasi-inextinguible de fonds tirables à volonté. Par conséquent, bien que le comité de direction de la Fed puisse voir d'un mauvais oeil l'utilisation de ces réserves à des fins spéculatives, il ne peut perdre de vue que LES BANQUES DE LA FED SONT PRIVÉES, OPÉRANT LARGEMENT AVEC DES FONDS PRIVÉS [emphase du traducteur], et existent fondamentalement pour fournir de l'argent plutôt que pour en retirer de la circulation.
Quant au taux directeur, là encore il revient aux 12 banques régionales (et pas au comité de direction) d'initier des baisses ou hausses. ...des taux élevés attireront l'argent de pays étrangers. ...la Fed ne peut rendre les emprunts plus difficiles pour les spéculateurs sans les rendre plus difficiles également pour les hommes d'affaires ou les fermiers. Une hausse pour un est une hausse pour tous. Si Wall Street paye cher son argent, ce sera aussi le cas pour Main Street [l'économie non financière]."

Ce commentaire résume l'attitude et le débat entre la Fed et Wall Street. La Fed essayait-elle de rejetter la faute de ses erreurs de gestion sur Wall Street?

Un changement de politique de la Fed est évident en février 1929, un mois avant l'inauguration du nouveau Président Hoover. Un membre de la Fed, Adolph Miller, déclara des années + tard que "après avoir attendu que les différentes Feds locales mettent en place une politique plus prudente, le comité de direction prit les choses en main lui-même en février 1929, adoptant une politique de 'pression directe' et publiant des avertissements à l'attention du public." Il fit cela, selon Miller, "parce que l'anxiété [face à la montée des marchés] était devenue grande."


Herbert Hoover déclara que la politique de crédit de 1927 fut mise en oeuvre "dans l'espoir de mettre fin aux difficultés en Europe. Mais les augmentations de dépenses en armement et les alliances militaires en Europe à l'origine des problèmes n'allaient pas être résolues par un cataplasme d'expansion de crédit par les USA. Je n'attribue pas l'intégralité du boom des marchés à la mauvaise gestion par la Fed, mais les politiques adoptées par ce système doivent assumer la plus grande part de responsabilité." (Mémoires, 1952.)

Il y avait eu nombre de bulles dans diverses matières premières, ainsi qu'une bulle immobilière en Floride. Personne ne songea à pointer du doigt ces marchés. p.200-201


Mouvements de capitaux des obligations vers les actions

Les simples faits que les marchés européens avaient atteint leur + haut après l'intervention de la banque centrale de 1927 et que le $ lui-même avait touché un + bas en mars 1928 sont des preuves que les intérêts étrangers avaient commencé à sentir le vent tourner en Europe et les actifs financiers se détournaient vers les USA et son marché action. p.202

...le marché action fut le souffre-douleur de la Fed pour exculper ses erreurs de gestion. p.202


La Fed, après avoir pleuré devant le Sénat - réalisant peut-être que si elle pleurnichait trop le Congrès pourrait intervenir et usurper son autorité à la Fed - changea de méthode. Le comité de direction se réunit chaque semaine, essayant de suggérer qu'une décision allait être prise d'augmenter le taux directeur. Chaque jeudi aprèm, le marché retenait son souffle, créant une situation instable. Mais suite à chacune de ces réunions, le commentaire laconique était toujours "pas d'annonce". Semaine après semaine la Fed employait cette tactique de la peur pour essayer d'influencer les marchés à la baisse. Mais le marché tint bon. C'est le premier cas historiquement de la Fed réduite à une politique officiale de la peur. Cela a établi un précédent jusqu'à ce jour [1986] où la Fed annonce qu'elle va faire qqch, et 99,9% du temps elle n'en fait rien. La Fed fait toujours tout sans annonce préalable, à la hausse comme à la baisse, essayant d'éviter que des individus profitent de ses décisions. Alors quand elle déclare publiquement ce qu'elle pense faire, elle essaie clairement de manipuler les marchés, ce qui va à l'encontre de ses directives. p.203

Ce facteur confirma la théorie de l'innovation de Schumpeter. Les précédents marchés haussiers furent dûs à l'invention et au développement du rail. Mais celui de 1921-1929 fut dû à l'automobile [et dans une moindre mesure l'aviation commerciale naissante]. p.207

Le front entre le gvt et le secteur privé s'étendait à de nombreux secteurs, pas seulement les marchés. La dépression allait être causée en partie par les augmentations effrénées d'impôts et taxes et en partie par l'argent ayant fui vers l'Europe dû à la baisse des taux par la Fed. p.208

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