1932 - I
1932 fut l'année de manifestations communistes à Washington, et les politiques mirent dans leur viseur la communauté des investisseurs [comme boucs-émissaires]. p.401
Taux directeur de la Fed de NY
Les gens commencèrent à accuser les autres de défauts et mauvaises actions dont ils étaient possiblement eux-mêmes coupables. Le système politique américain allait cette année-là s'enfoncer à des niveaux jamais vu depuis l'Inquisition. Certains politiques soutinrent l'abolition totale du marché action, d'autres que les shorts [vendeurs d'actions qu'ils ne possédent pas] soient identifiés et jetés en prison, comme s'ils avaient commis haute trahison. Cette ère se distinguait de la Révolution d'Octobre, mais des paroles, actes, et accusations à l'encontre des investisseurs rappellent les propos de Staline. [...] Ses mots sont pleins d'amertume et de haine. La Révolution d'Octobre était née de l'effondrement des prix des matières premières et du chômage élevé. Quand une population n'a plus rien à perdre, la révolution remplit souvent un vide en amenant avec elle les joyeuses illusions d'une utopie et de l'égalité monétaire pour tous. p.402
En dépit des nombreux programmes de dépenses publiques lancés par Hoover [AVANT Roosevelt et son New Deal], rien ne semblait produire d'effet. La confiance n'était pas au rendez-vous et la méfiance et le scepticisme internationaux régnaient en maîtres.
Déficit budgétaire des USA en M$
Dette publique des USA en mds $
...Les marchés obligataires du monde entier étaient dévastés par la crise monétaire de 1931. Beaucoup des obligations municipales ainsi que fédérales en Amérique du Sud avaient fait défaut. Seules les obligations de grandes entreprises US gardaient une certaine valeur pendant que tout le reste - à l'exception des obligations d'état, Liberty Bonds, et Treasury Bonds - s'écroulait à cause des peurs de défaut. Beaucoup considéraient le marché obligataire comme un jeu de roulette russe où chaque joueur pourrait recevoir la balle fatale à tout moment. p.402
Prix des Obligations
Les faillites d'entreprises furent l'une des rares choses en augmentation en 1931. Sur l'année, le nombre s'établit à 28.275 pour un passif de 733 M$. En 1930, les chiffres étaient de 26.355 et 668 M$ respectivement.
Le Comité du Sénat sur les Finances mena une enquête sur les dettes de guerre et les dettes bancaires internationales. Otto Hermann Khan témoigna et dut produire la liste de toutes les obligations étrangères ayant fait défaut. A la consternation générale, le montant total atteignait 815 M$. Les défauts concernaient 57 émissions de gvts, états, ou municipalités sud-américains. On apprit que la Bolivie, le Brésil, le Chili, et le Pérou avaient tous fait défaut sur leurs obligations d'état. En Colombie et Uruguay c'était presque le cas. Deux vérités se firent jour. 1) La plupart des obligations pourries étaient détenues par de petits investisseurs, attirés dans ces achats par des campagnes publicitaires vantant ces obligations comme "sûres". 2) La façon des banques de gérer la situation. Le Contrôleur de la Monnaie demanda à toutes les banques nationales de publier leurs positions obligataires. Comme toutes les obligations - même les "bonnes" - avaient été dévastées, les banques faisaient face soit à des pertes "comptables", soit à des pertes concrètes si elles vendaient. Face à cette situation sérieuse, le Contrôleur de la Monnaie autorisa les banques a comptabiliser ces obligations à leur coût [d'achat, pas au cours actuel], ce qui gonfla artificiellement leur bilan et masqua les graves problèmes du secteur bancaire à ce moment précis.
La rapport de la Fed sur le ratio stock d'or par rapport à la monnaie papier illustrait clairement que le stockage d'or [chez les particuliers] persistait ininterrompu. Ce ratio, à 73,7% fin 1930, n'atteignait plus que 61,9% fin 1931.
A Brooklyn, une femme hystérique fut aperçue courant dans la rue et criant "La banque est fermée! La banque est fermée!". C'était une fausse alarme. La banque en question était l'East New York Savings Bank qui avait fermé ses portes à midi plutôt que 16h ce samedi-là et avait laissé une note à cet effet. La femme ne lut pas le message. Il fallut 8 M$ en cash et une ribambelle de guichetiers supplémentaires pour faire face à la panique qu'elle créa. Bien que cela ait été une fausse alarme, bien souvent ce n'était pas le cas. p.404-405
Le Japon abandonna le standard or qqs mois + tôt. Le yen chuta de 49,84 cents pour 1 yen à 35 cents. Les obligations japonaises s'effondrèrent de 100 à 61. Les investissements US totaux au Japon étaient de 450 M$, dont 390 M$ en obligations. La véritable inquiétude était les réserves d'or du japon qui étaient passées sous les 190 M$ et qui représentaient la moitié de la dette japonaise auprès des seuls USA. p.407
Dans une étude publiée par la National City Bank, il fut révélé que les bénéfices des entreprises en 1931 étaient en baisse de 72% par rapport à 1929, et 52,9% par rapport à 1930. 39% des entreprises rapportèrent un déficit. Les secteurs semblant s'en sortir étaient le tabac, les chaussures, les chaînes.
Comparaison des bénéfices, M$
Société 1931 1930 % change
American Tobacco 46,189 43,294 + 6.2
AT&T 166,666 165,544 + 0.6
Auburn Automobile3,579 1,018 + 71.5
Brown shoe 1,356 1,334 + 3.2
Caterpillar Tractor 1,361 8,714 -84.3
Coca-Cola 14,023 13,515 + 7.2
Cream of Wheat 1,504 1,868 -19.4
Firestone Tire 4,219 1,541 + 63.4
General Electric 40,956 57,490 -28.7
McGraw-Hill 869 2,021 -57.0
National Distillers 372 307 + 17.4
R.J. Reynolds 36,396 34,256 + 5.8
Scott Paper 997 986 + 1.1
Standard Brands 14,542 16,402 -11.3
p.411-412
Les obligations se resaisirent en février, s'échangeant entre 80 et 78. En mars, elles montèrent légèrement au-dessus de 82. Mais à la fin mars, elles s'effondrèrent littéralement, à juste au-dessus de 78, clôturant au + bas pour le mois. p.412
Le 12 mars 1932, on apprit qu'Ivar Kreuger s'était suicidé. C'était lui qui avait prêté de l'argent à des gvts pour établir son monopole d'allumettes. Les détails n'étaient pas disponibles mais le marché partit à la baisse à la nouvelle d'un industriel riche de moins. Mais ces détails allaient bientôt être connus et un scandale éclater. p.413
Le 19 avril, le Chili abandonna le standard or. Pendant 9 mois le Chili essaya sans succès de maintenir le peso à parité. Leurs lois strictes n'empêchèrent cependant pas la réalité de prendre le dessus. La crainte de défauts supplémentaires fit s'écraser les obligations de 30 points de base dans la journée. p.414
Le 25 avril, la Grèce abandonna à son tour le standard or. p.415
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