Thursday 20 July 2017

Les véritables causes de la Grande Dépression VIII

1931 - II

...maintenir des salaires élevés n'empêcha pas la dépression d'empirer, et dans nombre de cas cela menaça la survie d'industrie subissant une forte contraction dans cette phase du cycle des affaires. Les employés ont peut-être reçu de haut salaires pour commencer, mais la confiance dans un rebond et dépenser leurs économies n'étaient pas à l'ordre du jour. Stocker de l'or chez soi continua à être populaire, réduisant ainsi la vélocité de l'argent de 22% par rapport à l'années passée, à compter du début du 2ème trimestre 1931. p.338


Homestake, société minière aurifère, et l'une des rares a avoir bénéficié de la GD


L'article ci-dessus traitant de la baisse du taux directeur de la Fed à 1,5% expliquait clairement que cette baisse fut instaurée pour enlever la pression sur la Grande-Bretagne. Pourquoi le marché a-t-il alors fait une pause début mai avant d'atteindre de nouveaux plus bas? Pourquoi la baisse du taux directeur échoua-t-elle à relancer l'activité? Pour répondre à ces questions, on doit revenir sur les événements européens de mai 1931.

La 1ère GM et la Révolution d'Octobre eurent toutes deux un profond impact sur l'économie européenne. En premier lieu, la Russie était devenue un état communiste qui coupa les liens avec ses partenaires et mit fin à un marché vital pour l'Europe occidentale. La Russie n'importait plus de broderies, de verre, de montres suisses. Elle était devenue une nation méprisant les qualités artistiques humaines et la conduite éclairée de Dieu. Le commerce d'Europe occidentale se vit réduit à l'Amérique. En second lieu, la volonté de puissance et les dépouilles de guerre découpèrent l'Europe en petits morceaux. A la suite de la guerre, 12 nouveaux pays étaient nés, et avec eux autant de tarifs douaniers visant à protéger les uns des autres. La guerre militaire avait pris fin, seulement pour être remplacée par une guerre financière, chacun se battant pour dégager un excédent commercial. En plus de cela, la vallée du Danube, joyau de la productivité européenne, avait été découpée entre 5 nations. Cela laissa l'Autriche en peine. Vienne avait longtemps dépendu de cette vallée pour sa prospérité. Ces mesures, en parallèle du traité de Versailles, isolèrent l'Allemagne et l'Autriche et réduisirent considérablement leur viabilité économique. Ce fut cette combinaison de perte de ressources économiques au sein de l'Europe ainsi que du commerce avec la Russie qui suscitèrent l'érection de tarifs douaniers partout en Europe. Ajoutez à cela la pratique de "publier" de l'argent papier à travers les déficits publics, ce qui générait des taux d'inflation variés et élevés, et le tout se révélait être une marmite close portée à ébullition.

Ces circonstances menèrent aux pratiques de fixation des prix et de création de cartels ayant en vue le marché US, une fois la Russie éliminée du système des échanges capitaliste. C'est cette combinaison inhabituelle de problèmes qui donna lieu à la manipulation des taux d'intérêt par la banque centrale en 1927, avec quelques tentatives précédentes dès 1925. L'intervention de la Fed ne visait pas à résoudre ces problèmes mais simplement à tenter de jeter de l'argent pour qu'ils disparaissent. Au lieu de cela, cela affabilit la position des USA en autorisant ces derniers à financer pratiquement l'intégralité du monde libre à eux seuls. La situation était similaire à celle de l'Amérique du Sud. Tous les prêts mondiaux n'ont pas pu corriger les problèmes économiques. Ils n'ont fait que repousser à plus tard l'inévitable jusqu'à ce que l'abcès se crève. p.362-363

Alors que les taux des prêts diminuaient régulièrement depuis 1899, le Dow lui augmentait.
Il n'y a pas de relation directe entre le niveau de taux d'intérêt et la progression du marché action.

Taux des prêts 1j

Les accusations faites par Roosevelt en 1932 selon lesquelles la responsabilité de la dépression mondiale incombait à Hoover étaient de purs mensonges destinés à lui faire gagner les élections [présidentielles]. p.343

C'est lorsque cet accord [douanier] entre l'Allemagne et l'Autriche fut signé le 10 mai 1931 que la guerre financière fut déclarée par la France. C'était probablement le pays le + fort à ce moment, dû à sa dévaluation intentionnelle du FF en 1928. Cela fit affluer l'or dans ses coffres. Ce franc faible et le fait que la France était un pays fortement orienté sur les matières premières qui avait imposé des tarifs douaniers substantiels afin de protéger son économie tant des USA (avant le vote de la loi Smoot-Hawley) que de ses voisins européens, firent que la France fut l'un des pays à souffrir le moins de la GD. La France protesta contre l'accord douanier germano-autrichien, le traitant de violation du traité de Versailles. Elle ne fut pas la seule. La Grande-Bretagne protesta également, craignant que cela permette la résurrection des deux pays. Mais les Français déclarèrent une véritable guerre financière. Après l'annonce de l'accord le 21 mars 1931, suivi d'une période de protestation, la France changea de tactique. La Banque de France et nombre de banques françaises exigèrent la rédemption [remboursement] de toutes les obligations autrichiennes à court terme en cours. Ils firent de même auprès de l'Allemagne. On estime que la France détenait ~300 M$ de ces emprunts à l'époque. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase de l'économie européenne. p.344;347

Ce fut en mai que la Credit-Anstalt fit faillite en Autriche, en partie dû aux agissements de la France. C'était la banque la + ancienne et la + respectée d'Autriche. Ses pertes excédaient sa capitalisation totale. Cette faillite eut des répercussions à travers tout le pays. Nombre de banques se tournèrent vers la Banque d'Autriche qui se trouva rapidement à cours de devises étrangères. L'Autriche n'eut pas d'autre choix que de plaider sa cause auprès des pays étrangers. La France exigeait en échange de son aide la dissolution de l'accord germano-autrichien, un prix trop élevé estima l'Autriche. Fin mai, le pays se tourna vers la GB et les USA quand la Banque d'Autriche se retrouva au bord de la faillite. Les Français de leur côté refusaient de coopérer. p.347

La GB vint à l'aide de l'Autriche sous la forme d'une avance de 4,5 M de livres... Cependant, les Français, énervés par la mission de sauvetage britannique, aggravèrent la situation. Ils se mirent à vendre leurs livres sterlings à travers la liquidation de leurs actifs détenus dans cette monnaie, essayant délibérément de se venger de l'Angleterre. Un nouveau front s'était ouvert dans la guerre financière : celui de la livre sterling. p.369

C'est le 13 mai 1931 que des émeutes éclatèrent devant la Credit-Anstalt. Le 15, des retraits bancaires massifs par les particuliers furent rapportés également en Hongrie. D'ici la fin mai, ces pressions augmentèrent contre la Banque Nationale d'Autriche. p.349

Bien que les Européens aient cherché à pointer du doigt les USA comme étant à l'origine de leurs difficultés économiques, les problèmes trouvaient leur source en Europe même. En dépit de la dépression aux USA, ceux-ci étaient toujours perçus comme la capitale du monde et encore l'endroit le + sûr. p.354

Taux directeur de la Fed vs Dow Jones, % de variation d'une année sur l'autre

% de variation mensuelle du taux directeur et du Dow Jones, 1927-1932

Le 5 juin, Hoover appela [le Ministre] Mills à la Maison Blanche et proposa un moratoire d'un an sur tous les paiements intergouvernementaux [remboursement de dettes publiques - Hoover souhaitait soulager les finances des pays européens qui en auraient profité pour relancer l'économie]. Mills et Stimson furent d'accord mais pas Mellon. Celui-ci partit le lendemain pour l'Europe. Mills se mit à se comporter comme le Ministre du Trésor et Hoover pensa qu'avec Mellon hors course son plan avait une chance.
Le 7 juin, le Ministre allemand des Finances déclara publiquement que la crise bancaire autrichienne allait s'étendre à l'Allemagne dans les 60 j selon lui. Bien évidemment, après une telle déclaration, la panique se déclencha immédiatement. Virtuellement chacune des banques allemandes fut assiégée, et les banques étrangères exigèrent le remboursement anticipé des emprunts allemands. La situation devenait très sérieuse. Après être arrivé en Europe le 18, Andrew Mellon appela Hoover "en panique" - selon les mémoires de ce dernier - changeant d'avis sur le moratoire. Mellon demanda alors que des actions soient prises promptement de peur que le système financier US ne subisse les contrecoups des événements en Europe. p.355

La proposition de Hoover fut fuitée à la presse par le Sénateur King, mais ne fut pas représentée correctement. Cela força le Président à faire une déclaration publique le 20 juin, avant que les autres pays n'aient pu donner leur accord. Le 29, le NYT loua les mesures envisagées et le marché y répondit de manière favorable. La confiance semblait faire une pause avec ce moratoire. Les marchés allemand, britannique, et français connurent une forte hausse, mais c'étaient clairement les USA qui menaient la tendance. p.359

Montant des investissements étrangers aux USA, M$
Les pays étrangers retirèrent leur argent entre 1930 et 1933

Montant des investissments US à l'étranger, M$
A partir de 1931 les USA retirèrent leur argent de l'étranger

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