Friday 21 July 2017

Les véritables causes de la Grande Dépression IX

1931 - III


Dans la semaine suivant la déclaration officielle de Hoover, 15 gvts approuvèrent "inconditionnellement". Le seul opposant était la France, toujours amère vis-à-vis de l'Allemagne. Les Français présentèrent excuse après excuse pour ne pas adopter le moratoire. Aussitôt rassurés ils présentaient une nouvelle excuse. Ils continuèrent pendant plusieurs jours, retardant autant que possible les actions de Hoover.

La crise bancaire en Europe Centrale et de l'est faisait rage au même moment où les Français traînaient des pieds, insistant que l'Allemagne ne devait pas être soulagée des remboursements de sa dette. Le 5 juillet, Hoover en eut assez. Il informa la France qu'elle pourrait continuer à exiger ses remboursements mais que tous les autres pays ne le feraient pas, en revanche ils exigeraient le remboursement par la France de sa dette. Les Français durent se plier à l'accord. p.361

A la mi-juillet, presque toutes les banques allemandes, autrichiennes, et hongroises étaient fermées. p.362

Hoover demanda à la Fed de lui indiquer le montant des emprunts allemands à court terme en cours détenus par les USA. Insatisfait du montant de 500 M$ fourni, il demanda au Contrôleur de la Monnaie. Le chiffre que ce dernier lui donna était de 1,7 mds $, plus de 3 fois +. Le détail indiquait + de 1 mds $ détenus par des banques dont la capitalisation, en cas de défaut par l'Allemagne, serait gravement compromise. Hoover ecrivit qu'il fut catastrophé par la nouvelle. Il ajouta: "Voilà une conséquence de la Fed maintenant artificiellement des taux d'intérêts bas et accroissant les crédits aux USA de mi-1927 à mi-1929 à la demande des banquiers européens. Certains de nos banquiers n'ont pu résisté à l'avarice et aux taux de 6 à 7% offerts en Europe."

Hoover fit une demande auprès de la Banque d'Angleterre quant à l'étendue de leurs mauvais emprunts allemands à court terme. 2 jours + tard, la réponse arriva: ~2 mds $ de ces emprunts étaient détenus par les banques britanniques et leurs branches en Suède, Norvège, Pays-Bas, Danemark et Suisse. Elle avertit que d'énormes montants étaient également détenus par l'Amérique Latine et l'Extrême-Orient. Les dettes à court terme cumulées de l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, et autres pays d'Europe de l'est atteignaient plus de 5 mds $. Ce chiffre n'incluait pas les émissions obligataires à long terme, les emprunts de guerre, et les émissions des municipalités largement détenues par des investisseurs privés. p.362

Nomdre d'acheteurs de ces obligations allemandes étaient des investisseurs privés. Le gvt allemand se servait alors de l'argent récolté pour rembourser les dettes contractées directement auprès des pays etrangers. C'était de la cavalerie: l'argent des petits investisseurs était transféré aux mains des gvts à travers des obligations à court terme payant 6-7%. L'Allemagne n'était pas la seule à pratiquer ce jeu consistant à emprunter à Pierre pour payer Paul. La plupart des pays d'Europe de l'est faisaient de même. C'était un gigantesque Ponzi. Le quidam moyen va en prison pour ce que les gvts pratiquent régulièrement, arguant d'une erreur de gestion quand cela leur saute à la figure.

Hoover écrivit: "Il était alors évident pourquoi la crise européenne avait mis autant de temps à se produire. Ils émettaient des emprunts A pour payer des emprunts B et couvrir leurs déficits. Je ne pense pas avoir été + choqué dans ma vie. L'idée de faillites bancaires massives et la nécessité de ne rien révéler au peuple américain quant à la cause du danger, de peur de provoquer des retraits de dépôts massifs, me laissèrent peu de repos. La situation ne revenait plus à aides des pays étrangers pour que d'autres en bénéficient, indirectement. C'était désormais une question de nous sauver nous-mêmes."
...
La nouvelle proposition de Hoover consistait à un "arrêt" complet parmi toutes les banques, empêchant quiconque de demander le remboursement des emprunts à court d'Allemagne et autres pays d'Europe de l'est. p.363

Un groupe de banquiers new-yorkais se plaignit à la Maison Blanche et avertit qu'ils ne suivrait pas cette proposition. Ils exigèrent que Hoover prête de l'argent à l'Allemagne pour qu'elle puisse rembourser les emprunts détenus par ces banquiers. Comme Hoover l'écrivit: "J'ai peut-être exagéré quand j'ai répondu que s'ils (les banquiers) n'acceptaient pas la proposition dans les 24h, je dévoilerais leurs pratiques bancaires au peuple américain." Inutile de dire que les banquiers furent convaincus de la détermination de Hoover à ne pas faire passer les problèmes des banquiers - créé lorsqu'ils convainquirent les investisseurs privés d'acheter de ces emprunts étrangers - sur le contribuable. Les actions des banques et de la Fed frôlaient la haute trahison alors qu'elles participaient à ce Ponzi basé sur des empruts étrangers. p.364


Hausse du Dow en juin suite à l'annonce du moratoire

La situation était encore pire que ce que laissait entendre les rapports fournis à Hoover à l'époque. Alors qu'il pensait que le montant des emprunts à court terme atteignait ~5 mds $, il ne fut confirmé que un an plus tard que la véritable valeur était du double, 10 mds $! p.365

Mais les Français continuaient à créer des problèmes. Le 24 juillet 1931, ils organisèrent de larges retraits d'or depuis Londres. Les banques françaises retirèrent 800 M$ en or des banques britanniques. Il était clair que l'attaque française contre la livre n'était pas terminée. Cette action fut remarquée par les autres banques centrales et le peu de confiance qui était revenu disparut aussitôt. Le rêve de Montagu Norman d'une livre à son niveau d'avant-guerre était réduit à néant.
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Quand les Français initièrent leurs retraits, d'autres pays suivirent. Cela équivaudrait aujourd'hui à une panique bancaire au FMI. p.366

La Banque d'Angleterre tenta de freiner la fuite en réagissant de manière typique: une hausse des taux d'intérêt. La fuite ne connut pas de répit pour autant. Quand la confiance est ébranlée, AUCUN NIVEAU DE TAUX D'INTÉRÊT N'EST SUFFISANT SI LES GENS REDOUTENT UN DÉFAUT. Le capitale st uniquement attiré par un taux + élevé quand les facteurs inspirant la confiance sont là. p.366-367


Rendement annuel moyen des emprunts d'état britanniques à 3 mois
(la Banque d'Angleterre a relevé son taux directeur en 1931)


Taux de chômage britannique en % de la population active
("l'effet" montre la hausse du chômage lorsque la Banque d'Angleterre a relevé son taux)


Balance commerciale des USA avec la GB
(le surplus a fortement baissé avec la hausse des taux britannique)

Finalement, le 21 septembre, la Banque d'Angleterre abandonna le standard or et fit effectivement défaut sur ses obligations étrangères. Ajouté aux révolutions en Amérique du Sud, aux défauts en Allemagne, Autriche, et Europe centrale, cela laissait les USA comme l'un des rares pays [avec la France, le Japon, la Grèce, le Chili...] encore attachés au standard or. p.371

Ceux qui choisissent de blâmer la contraction des échanges mondiaux seulement sur les tarifs douaniers de la loi Smoot-Hawley insultent nos souvenirs de cette période. Personne ne semble vouloir mentionner le fait que la dette internationale était gérée de manière identique à un Ponzi. Les paiements à une partie étaient effectués en empruntant à une autre. C'était un plus gigantesque transfert de richesse du peuple vers les coffres du gvt que n'importe quel impôt jamais conçu. Les obligations perdant toute valeur d'un pays à l'autre, les gens rechignèrent à investir leurs économies dans quoi que ce soit, encore moins des obligations étrangères. Au final, plus de capitaux disparurent avec ses défauts internationaux que dans le marché action. p.372


Impact de la crise monétaire de septembre 1931 sur les obligations

De nos jours on ne se pose pas de question sur la dette. On semble accepter l'idée qu'un intérêt est qqch dû à celui qui détient l'argent. En réalité, la civilisation a tourné le dos sur cette pratique après qu'il a été prouvé qu'elle avait détruit nombre de sociétés à travers l'Histoire. Charger un intérêt est considéré de l'usure pour le catholicisme, et donc un péché. Idem dans l'islam. Seuls les Juifs n'y trouvent rien à redire. Tout au long du Moyen Âge, les Chrétiens ne purent prêter à d'autres Chrétiens à intérêt.

Les Juifs jouèrent un rôle majeur dans le développement des échanges car c'étaient eux qui prêtaient pour créer des sociétés, financer des voyages, etc. Mais ils étaient également ceux qui prenaient possession des biens de ceux qui ne pouvaient rembourser, donnant naissance à l'excuse de l'antisémitisme. La plupart des meurtres de Juifs n'avaient rien à voir avec la religion mais étaient causés par le fait qu'ils détenaient les hypothèques. Les choses empirèrement à tel point que le Pape menaça d'excommunier ceux qui faisaient du mal aux Juifs.

C'est cette même loi sur l'usure qui mena à l'éclatement de l'Eglise Catholique en diverses sectes chrétiennes. Certains Chrétiens voulaient pouvoir prêter de l'argent, mais la position du Pape était intransigeante. Ainsi la Réforme, et les diverses sectes furent autorisées à prêter à intérêt. Elles rationalisèrent leur pratique en traitant le Pape d'antéchrist parce qu'il protégeait les Juifs et interdisait l'usure, collant ainsi à quelques passages tirés de l'Apocalypse. p.385

Dans les faits, la plupart des commentaires sur la GD ont ignoré l'impact de la dette et des défauts des obligations d'états, y compris les obligations de villes des USA... Les obligations chutèrent quel que soit le taux offert. Une telle divergence entre attente et rálité ne pouvait être causée que par une disparition totale de la confiance. p.385-386

La contraction de la masse monétaire ne fut pas causée par la Fed intentionnellement, mais plutôt par les retraits de capitaux étrangers, par le stockage des économies domestiques "sous le matelas", et par les saisies sans fin de propiétés, ce qui fit encore + baisser la valeur des actifs tangibles. p.388


Augmentation du taux directeur de la Fed coup sur coup en octobre 1931

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