poursuivie par d'autres moyens, pour parodier von Clausewitz.
Pour ceux qui ne suivent pas l'élection présidentielle US au quotidien, vous ratez quelque chose sur lequel on écrira des livres dans les mois à venir. Pas le résultat de la campagne, à ce niveau cela n'importe plus beaucoup, mais la campagne elle-même.
C'est tout juste incroyable.
La politique c'est la guerre.
Il y a des batailles, certaines perdues d'autres remportées, il y a des soldats (payés) et des insurgés (qui combattent gratuitement pour leur idéologie), il y a des morts (peu, et pour l'instant tous du fait des Démocrates [la gauche]), il y a de la propagande, une guerre de l'information et de la communication, des alliés et des ennemis, des coups bas et des trahisons.
Internet est un champ de bataille même si on n'entend pas les balles et on ne voit pas les roquettes exploser.
S'il faut retenir quelque chose de cette campagne c'est l'enjeu de la communication. Il y a une thèse à écrire sur ce sujet. La guerre des mèmes est une réalité qui échappe aux observateurs non avertis. De Pépé la grenouille aux fausses campagnes en faveur d'Hillary, des phrases choc comme 'panier de déplorables' [pour décrire les supporters de Trump] aux visuels choc comme les images de la santé défaillante d'HC, la communication est la bataille clé, une bataille de longue haleine jusqu'au dernier jour.
On aura appris que peu importe que le candidat soit intègre ou pas, c'est la perception donnée par les médias (et combattue par l'opposition) qui compte. Mais si l'on sait depuis longtemps que la propagande marche (tous les médias étant du côté de Clinton, tous les sondages biaisés en sa faveur), on sait désormais - et c'est beaucoup plus important - que la contre-propagande marche.
Quelques milliers NEETs avec un accès à internet ont joué un rôle difficilement quantifiable mais sans aucun doute hautement significatif dans cette guerre. Que ce soit DT ou HC qui gagne, on aura dès lors la certitude que ce qu l'on fait, même si ça semble peu, a un impact et vaut la peine d'être accompli.
D'aucuns plaisantent en disant que quel que soit le candidat qui gagne, c'est l'Amérique qui aura perdu. C'est vrai, mais l'Amérique n'aura pas perdu à cause de son candidat, elle aura perdu à cause de son peuple.
La grosse différence entre la politique et la guerre c'est qu'il n'y aura jamais de traité de paix, seulement un affrontement perpétuel. Cette élection aura marqué le creusement du fossé entre deux camps adverses qui jusque-là, en dépit des coups fourrés, se respectaient plus ou moins. La polarisation est actée et irréversible.
À partir de maintenant, la guerre entre Démocrates et Républicains - ou n'importe quels autres camps: antifas/conservateurs, hétéros/LGBT, etc. - ne pourra que dégénérer en conflits de plus en plus violents. Nous sommes sortis de l'ère du rationnel pour entrer dans celle de l'émotionnel.
C'est en train d'arriver aux USA, ça arrivera en France et dans le reste du monde.
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